Plusieurs professionnels de santé ont lancé, vendredi 15 juin, un «appel solennel» contre l'exposition des enfants et des adolescents aux contenus pornographiques.
Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CGNOF) appelle les pouvoirs public à protéger les jeunes. Ces professionnels de santé demandent que la loi sur la protection des mineurs soit fermement appliquée, que des campagnes d'information et de sensibilisation destinées aux enfants, aux adolescents et aux parents soient régulièrement faites, et que l'information sur la sexualité soit généralisée et renforcée en milieu scolaire.
Le professeur Israël Nisand, président du CGNOF, voudrait «frapper au porte-monnaie» les diffuseurs. Ils proposent que les sites X obligent les visiteurs à donner leurs coordonnées de carte bancaire et de leur imposer de lourdes sanctions s'ils ne mettent pas ce dispositif en place. Alors qu'actuellement pour accéder à un site pornographique, il suffit généralement à l'internaute de confirmer, en cochant une case, qu'il a «18 ans ou plus».
Selon une enquête Ipsos réalisée pour le Fonds actions addictions et deux fondations (pour l'innovation politique et Gabriel-Péri), 21% des jeunes de 14 à 24 ans disent regarder du porno au moins une fois par semaine. Ils sont 15% chez les 14-17 ans. 9% des 14-24 ans en regardent une fois par jour et 5% plusieurs fois par jour.
Les parents sous-estiment la consommation de leurs enfants
«Cela a des conséquences sur le développement des jeunes les plus vulnérables et les moins structurés psychologiquement», avec un «rapport peu adapté à la sexualité» et une «addiction», d'après le Dr Michel Reynaud, président du Fonds actions addictions.
Et les parents semblent ignorer les habitudes de certains jeunes, puisqu'ils ne sont que 7% à penser que leurs enfants regardent du porno une fois par semaine, alors que ceux-ci sont trois fois plus nombreux à le dire.
Le visionnage de contenus pornographiques n'est cependant pas toujours volontaire. En effet, plus de la moitié des 15-17 ans déclaraient dans un sondage Ifop de mars 2017 qu'ils étaient déjà tombés dessus sans faire exprès.