Le ministère de l'Enseignement supérieur assurait fin mai que deux tiers des élèves de terminale avaient reçu «au moins une proposition» d'admission sur la plateforme Parcoursup.
Pourtant, la situation des lycéens issus de quartiers populaires serait bien différente.
Parce-que leurs filières et leurs professeurs ont une réputation d'excellence, de nombreuses universités situées dans la capitale française sont extrêmement plébiscitées par les étudiants franciliens, et notamment par ceux originaires de la banlieue, puisque le réseau de transports en communs facilite désormais les déplacements.
Mais ces dernières semaines, les témoignages de lycéens qui n'ont pas à rougir de leurs notes et se sont vus refuser l'accès aux filières qu'ils avaient soigneusement choisies, n'ont cessé de se répandre dans la presse. Et à en croire le syndicat SNES-FSU récemment interviewé par France bleu, cela n'est en rien anecdotique. Parcoursup serait «discriminatoire», assure-t-il, envers les élèves banlieusards, et notamment ceux qui viennent de l'académie de Créteil. Le syndicat Sud Education abonde : «Parcoursup porte particulièrement préjudice aux lycéen-ne-s du 93 et des départements les plus défavorisés».
«C'est pas humain comme situation»
Ce dimanche, le Figaro prenait en exemple une licence de chimie proposée par l'UFR chimie de l'université Paris-Diderot, un établissement très réputé à Paris. Extrêmement agacé, Rémi Losno, directeur de l'UFR, confie au quotidien que «l’an dernier, sur les cent-dix places offertes en première année, environ 40 % étaient occupées par des lycéens venus de banlieue ou de province». Mais en 2018, le rectorat, via la plateforme, a décidé de ne permettre l'accès qu'à 3 % de bacheliers non parisiens.
Raison pour laquelle des jeunes de banlieue brillants restent aujourd'hui sur la touche, alors que des lycéens parisiens d'un niveau plus médiocre sont acceptés. «Les treize premiers admis ont des résultats corrects sans plus, concède à nos confrères Benoît Piro, responsable de ce cursus. Mais dès la 14e place, nous avons un élève parisien qui plafonne à 8 de moyenne générale. Malgré ses 17,5 de moyenne, un candidat du Val-de-Marne, lui, est relégué en attente à la 1 010e place!»
«J'imagine que les élèves de Paris passent avant et qu'on aura les restes. Je sais pas, on ne nous dit rien. Le bac approche, mais on ne pense qu'à réactualiser l'appli, c'est pire que Facebook, témoigne auprès de Marianne un lycéen en terminale S désemparé. C'est compliqué comme situation. C'est pas humain».
«Violence psychologique»
De son côté, une enseignante dénonce auprès du média une «violence psychologique» à l'égard des élèves. «Certains se battent depuis des années pour réussir malgré des conditions sociales défavorables et on les renvoie à leur statut de banlieusard», regrette-t-elle.
Et les instituts universités de technologie (IUT) les plus prisés ne sont pas en reste. Les responsables de la filière gestion des administrations et des entreprises avaient voté fin mai une motion fustigeant le fonctionnement du logiciel, et notamment les quotas minimaux de boursiers imposés, rappelle le Figaro. Originellement pensés pour favoriser la mixité sociale, ils impactent les classements des IUT fixés par les professeurs…
Il y a quelques semaines, Stéphane Troussel (PS) avait adressé à Frédérique Vidal un courrier dans lequel il enjoignait la ministre de l'Enseignement supérieur à faire preuve de «transparence» en rendant publics «les algorythmes locaux» de la plateforme. «J'aimerais savoir si le lycée d'origine a pu être un des critères déterminant pour les réponses».
Il semblerait que certains jeunes, notamment issus des quartiers populaires, aient reçu particulièrement peu de réponses positives sur #ParcoursSup. J'ai écrit à @VidalFrederique pour avoir des données objectives permettant de confirmer ou d'infirmer cette inquiétante impression. pic.twitter.com/JOKxR2HuUJ
— Stéphane Troussel (@StephanTroussel) 28 mai 2018
Une question à ce jour laissée en suspens.