Et si l’habit faisait l’écolier ? C’est ce que préconise en tout cas la commune LR de Provins (Seine-et-Marne), où une large majorité de parents d’élèves se sont prononcés, ce week-end, lors d’une consultation locale, en faveur du port de l’uniforme dans les établissements scolaires.
Au retour des prochaines vacances de la Toussaint, les 759 élèves des écoles primaires publiques de la ville pourront donc porter, s’ils le souhaitent, le même polo et le même pull bleu ciel flanqués de la devise républicaine. Un choix qui relance de vifs débats, mais conforme au souhait de Jean-Michel Blanquer. Comme il l’avait déjà annoncé en décembre, le ministre de l’Education a en effet confirmé ce dimanche qu’en matière d’uniforme, les écoles auraient les mains libres.
Un thème souvent évoqué
Répandu dans les pays anglo-saxons, en Asie, et même dans certains territoires français d’outre-mer, l’uniforme scolaire est un serpent de mer qui fait régulièrement les gros titres en France depuis plus de quinze ans. Déjà évoquée par le gouvernement Raffarin en 2003, en plein débat sur les signes religieux à l’école, puis préconisée au fil des années par divers élus, la question avait été remise au goût du jour lors de la dernière campagne présidentielle.
Si Emmanuel Macron avait assuré «y réfléchir» en tant que «symbole», les candidats Fillon et Le Pen l’avaient, eux, inscrite noir sur blanc dans leur programme. Moins d’un an plus tard, plus de six Français sur dix (63 %) se disent désormais favorables au port de l’uniforme, à commencer par les électeurs LR et FN (80 %), selon un récent sondage Ifop.
Principale vertu du dispositif, selon eux : il mettrait les élèves sur un pied d’égalité, en atténuant l’impact de la mode. «Cela pourrait mettre fin à la course aux marques, que tous ne peuvent s’offrir», estime l’historien Claude Lelièvre. L’uniforme serait également un vecteur d’intégration : reposant sur un principe d’unicité, il permettrait de débarrasser l’école des distinctions sociales ou culturelles.
Un argument nuancé par l’expert : «Ce n’est qu’un artifice qui prétend gommer les inégalités plutôt que lutter contre.» La symbolique de la mesure, et le retour à l’ordre moral qu’elle représente, sont également pointés du doigt par les opposants : «L’uniforme, ça rappelle un peu l’armée, le cantonnement», regrettait récemment sur France Bleu Béatrice Guttierez, de Sud Education. En outre, l’uniformisation forcée ne permet pas aux enfants de mieux appréhender et comprendre la différence.
Vers un retour aux sources
Cette question de l’uniforme s’inscrit dans un débat plus global sur un retour à une école à l’ancienne. Si de nombreux élus ont déjà proposé, ces dernières années, de rendre obligatoire le lever du drapeau tricolore dans les cours d’école, la généralisation de leçons de morale voire le chant de l’hymne national dans les classes, le ministre Jean-Michel Blanquer lui-même s’est démarqué par son goût pour une instruction des plus classiques, tranchant en cela avec son prédécesseur, Najat Vallaud-Belkacem.
Cela passera notamment par la mise en place de chorales, qui vont arriver dès la rentrée 2019, ou des cours d’éducation civique plus poussés. Encore du chahut en perspective.