Avec un levier d'un loto spécial, un financement inédit, le président Macron veut s'appuyer sur l'amour des Français pour leur riche histoire.
Le chef de l'Etat va se mobiliser toute la journée pour exposer sa vision concernant la sauvegarde et la restauration des monuments français en péril.
Nous sommes très fiers d'accompagner les 269 porteurs de projets sélectionnés par la #MissionPatrimoine de @bernstephane .
Rendez-vous demain après-midi à l'Élysée ! Avec la @FDJ et le @MinistereCC pic.twitter.com/Q6BwyWpiLf— Fondation patrimoine (@fond_patrimoine) 30 mai 2018
Emmanuel Macron a commencé par une visite, ce matin, au château de Voltaire, à Ferney-Voltaire dans l'Ain, et enchaîne avec une grande réception, cet après-midi à l'Elysée.
Rendez-vous demain là où Voltaire « cultivait son jardin ». C'est une chance de pouvoir s'y rendre : beaucoup de lieux de notre passé attendent encore d'être restaurés pour témoigner de notre histoire, dont ils ont été les premiers spectateurs. Chacun peut y contribuer !
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 30 mai 2018
A cette occasion, la stratégie imaginée par le Monsieur patrimoine du président, Stéphane Bern, sera détaillée.
Elle passe notamment par un dispositif inédit, notamment une grande loterie, qui permettront de financer des travaux sur des sites que les communes n'ont pas les moyens de sauver.
269 sites concernés au total
L'Hexagone recensait, en 2016, près de 44.000 immeubles protégés au titre des monuments historiques.
La ministre de la Culture, Françoise Nyssen, évalue à un quart la proportion de ceux jugés en mauvais état, et à 2.000 le nombre d'édifices en péril. Un patrimoine difficile à conserver, notamment en raison des coûts, que ce soit pour les particuliers ou les communes qui les possèdent.
Pour les demeures de prestige, le remplacement d'une simple fenêtre peut ainsi atteindre facilement 5.000 euros. Dans un contexte économique fragile - et de maîtrise des dépenses -, la somme annuelle allouée à la sauvegarde du patrimoine (341 millions d'euros) peut être difficilement rehaussée.
Des tickets à gratter
C'est pourquoi Emmanuel Macron a validé l'idée de l'animateur de télévision Stéphane Bern, à qui il avait confié, à l'automne, la mission de recenser le patrimoine en péril, d'organiser une loterie et un jeu de grattage.
[Bulletin Mission Patrimoine / FDJ]
Avec un ticket à 15 euros, pour un lancement en septembre, soit peu avant les Journées du patrimoine, ces jeux devraient rapporter entre 15 et 20 millions d'euros.
Les tickets « Mission patrimoine » sont d'un grand format, avec une largeur de 15,2 cm et une hauteur de 20,3 cm. Soit deux fois la taille d'un «cash».
[Mission Patrimoine Carcassonne / FDJ]
Ils se déclinent en trois tickets différents. Cinq site emblématiques à sauver en priorité. Au total, treize édifices menacés sont mis en avant. Parmi eux, l’église Notre-Dame à la Celle-Guénand (Indre-et-Loire), le théâtre des Bleus de Bar à Bar-le-Duc (Meuse), l’hôtel de Polignac à Condom (Gers), le château de Carneville (Manche) ou le pont d’Ondres (Alpes-de-Haute-Provence).
[Mission Patrimoine Chambord / FDJ]
Trois jeux sont proposés. Les règles sont très simples et classiques : il faut gratter les bâtisses et retrouver des symboles ou montants identiques permettant de remporter la somme indiquée dans la case gain.
«Mission patrimoine» peut rapporter jusqu’à 1,5 million d’euros, soit 500.000 euros de plus que le gain maximal offert par Millionnaire. Sur les 12 millions de tickets seront proposés 6 gros lots à 1,5 million d’euros, 8 à 150.000 euros, 20 à 15.000 euros. Cela représente 1 chance sur près de 3 d’empocher un gain d’au moins 15 euros.
[Mission Patrimoine / Mont Saint Michel / FDJ]
Les bénéfices seront alloués à un fonds spécifique de la Fondation du patrimoine, un organisme privé. Pour chaque billet acheté, 1,52 euro lui sera reversé. Si les ticketstrouvent tous preneur, les «dons» s’élèveront à 18,24 millions d’euros.
269 sites sélectionnés
Au total, 269 sites pourront bénéficier d'une aide. «Il y a une réelle diversité (des monuments sélectionnés, ndlr), aussi bien en métropole qu'en outre-mer», explique Célia Vérot, de la Fondation du patrimoine, en charge d'instruire les dossiers.
En dehors des châteaux et églises, on trouve d'ailleurs des demeures illustres, des moulins, des fontaines, et même des équipements industriels ou ferroviaires.
Cette loterie, qualifiée de «gadget» par ses détracteurs, vient pourtant en appui des budgets existants. Elle ne signe donc pas pour l'Etat un désengagement de la puissance publique.
«Il s'agit surtout d'un complément afin d'accélérer les travaux les plus urgents», complète Célia Vérot.
Un outil de pouvoir et d'image
Longtemps considéré comme élitiste, le patrimoine de nos campagnes est pourtant devenu très populaire. En témoignent les Journées qui lui sont dédiés chaque année et attirent en moyenne 12 millions de Français.
Ou encore les belles audiences des émissions de télé consacrées aux merveilles architecturales de notre pays. Un atout que le président de la République a bien compris.
«C'est aussi une façon de dire que tout ne se passe pas à Paris», explique Célia Vérot. Enfin, un patrimoine revalorisé permettrait également de renforcer notre image et de consolider la place de la France en tête du classement des pays les plus visités au monde.