Les six candidats à la présidence du Medef passent ce lundi 28 mai un grand oral devant le conseil exécutif de la principale organisation patronale, étape cruciale dans la course à la succession de Pierre Gattaz qui voit se dessiner un duel entre deux hommes.
Les prétendants, cinq hommes et une femme, défileront au siège du Medef à Paris à partir de 9h45. Ils auront chacun trente minutes pour convaincre les 45 membres du conseil exécutif, qui voteront ensuite le 11 juin pour leur candidat préféré.
Si cet avis est purement consultatif, il revêt tout de même un caractère important et pourrait orienter l'élection : il sera en effet soumis à l'Assemblée générale, dont les 560 membres votants se prononceront le 3 juillet.
Une succession de débats et d'auditions
Les candidats soigneront donc leur intervention. Mais ils sont déjà rompus à l'exercice : depuis quelques semaines, ils enchaînent débats et auditions devant les fédérations professionnelles et territoriales pour faire connaître leurs projets et remporter le maximum de soutiens. Ils sont notamment passés devant l'UIMM, la puissante fédération de la métallurgie, la Fédération française du bâtiment, ou encore celle des assurances et la Fédération bancaire française. Toutes disposent d'un nombre important de voix au sein de l'Assemblée générale.
Si la campagne semblait sans relief ces dernières semaines, elle a commencé à prendre de l'élan avec de premiers soutiens rendus publics en fin de semaine dernière.
Deux prétendants sont généralement présentés comme les «favoris» : Geoffroy Roux de Bézieux, 55 ans, investisseur très engagé dans le numérique et qui brigue pour la deuxième fois la présidence du Medef; et Alexandre Saubot, patron du groupe familial industriel Haulotte, jusqu'il y a peu négociateur social du Medef et président de l'UIMM.
Premiers soutiens déjà annoncés
Sans surprise, cette dernière vient d'annoncer dans le Journal du dimanche qu'elle soutenait son ancien président. M. Saubot «est un vrai entrepreneur au cuir tanné, qui a su prendre les bonnes décisions dans les périodes les plus difficiles. Il maîtrise ses dossiers sur le bout des doigts, tant sur l'économie que sur le social», a expliqué dans un entretien son nouveau président, Philippe Darmayan. «Lui seul pourra redonner au Medef sa crédibilité et permettre aux entreprises d'avoir un environnement favorable à leur développement», a-t-il encore affirmé. Vendredi, la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) lui avait aussi apporté son soutien.
De son côté, Geoffroy Roux de Bézieux a obtenu récemment le ralliement d'un autre candidat, le très libéral Jean-Charles Simon. L'un des axes de sa campagne est la «révolution technologique» à l'oeuvre et les moyens pour la France de s'adapter à cette donne. Jeudi, il a publié une liste de 100 patrons de la French Tech le soutenant, sur laquelle figurent Frederic Mazzella (BlaBlaCar), Marc Simoncini (Meetic), Henri Seydoux (Parrot) ou encore Pierre Kosciusko-Morizet (Price minister). La Fédération des services aux particuliers (FESP) lui a aussi apporté son soutien.
D'autres fédérations sont de leur côté encore en réflexion. «On est assez partagés», confie le dirigeant de l'une d'elles, soulignant que les positions des candidats étaient somme toute assez consensuelles. Parmi les autres candidats, trois sont issus des territoires : Frédéric Motte, président du Medef Hauts-de-France, Olivier Klotz, du Medef Alsace et enfin Patrick Martin, à la tête du Medef Auvergne-Rhône-Alpes.
La seule candidate fait «bonne impression»
Ce dernier, patron de Martin-Belaysoud Expansion, un groupe familial spécialisé dans la distribution de fournitures industrielles, a récemment créé la surprise en décrochant le ralliement de deux autres candidats, Fabrice Le Saché, fondateur d'Aera Group, une société de conseil et de négoce spécialisée sur les financements verts très active en Afrique, et de Pierre Brajeux, patron du Medef Hauts-de-Seine.
Si ce regroupement a enclenché une «dynamique» dans la campagne, le candidat doit encore faire ses preuves, selon un dirigeant patronal peu convaincu par sa prestation en audition.
La seule femme dans la course, Dominique Carlac'h, a en revanche fait «une bonne impression» lors de plusieurs auditions, selon différentes sources. Ancienne spécialiste du 400 mètres et fondatrice d'une société de conseil, elle est notamment très attachée à la Responsabilité sociale des entreprises (RSE). C'est elle qui interviendra en premier lundi.