De la frontière avec l’Italie aux bords de la Manche, en passant par Paris, la crise des réfugiés suscite une très vive inquiétude.
Des campements de fortune en plein centre-ville de la capitale, des bois occupés illégalement dans le nord de la France, ou encore des actions chocs de militants aux frontières…
Le sort des migrants et leur gestion par les autorités est revenu, ces derniers jours, au centre du débat dans le pays. Car si les problèmes rencontrés à Paris ou à Grande-Synthe (Nord) sont les plus mis en avant, des dizaines de communes peinent à prendre en charge ces personnes. Une situation qui exacerbe les tensions.
Des déplacements inefficaces
Le démantèlement de la «jungle de Calais», en octobre 2016, et la répartition à travers le pays de ses occupants, avait pourtant suscité l’espoir.
Mais, depuis, associations et riverains n’ont pourtant eu de cesse d’alerter sur le fait que d’autres camps avaient pris le relais.
Celui de Grande-Synthe, à 30 km, avait connu, dans la foulée, un afflux massif de migrants. Il ne s’est pas tari depuis.
Et pas plus tard qu'hier, 400 réfugiés, hébergés dans un gymnase de la ville, ont été transférés dans des centres d’accueil et d’hébergement de la région.
A Paris, où à la frontière italienne, les migrants continuent donc d'affluer, souvent dans l’espoir de gagner l’Angleterre.
Rien que dans la capitale, 2.550 personnes seraient ainsi installées dans des campements de fortune, alors que la ville et l’Etat se renvoient la balle, illustrant la complexité du dossier.
Car les problèmes engendrés sont nombreux. Les associations alertent ainsi sur les conditions de vie des réfugiés, qui tentent de survivre à même la rue, ce qui engendre de vrais risques sanitaires.
S’y ajoutent les scènes de violences, particulièrement entre les migrants eux-mêmes. Des rixes, parfois mortelles, ont ainsi éclaté à plusieurs reprises entre plusieurs communautés, notamment dans le Pas-de-Calais.
Un climat dénoncé par les habitants des territoires concernés, excédés, ou par les commerçants. Ceux de Calais ont déjà pointé du doigt, par le passé, l’image dégradée de leur ville.
Les autorités tentent donc de prendre en charge ces populations, mais avec difficulté. Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a critiqué ces derniers jours la gestion de la mairie de Paris, indiquant que la mise à l’abri de réfugiés, prévue dans les jours à venir, sera «la 35e depuis 2015».
Une situation qui «se répétera indéfiniment» si des mesures ne sont pas prises, selon lui, sachant que les centres d’accueil peine à canaliser ce flux. Selon le Centre économique, social et environnemental (Cese), il faudrait donc améliorer la politique de premier accueil, «nettement déficitaire», avec des centres regroupant «toutes les fonctions nécessaires à la prise en charge».
La réponse de l’Etat
De son côté, le gouvernement cherche le bon équilibre entre solidarité et fermeté.
Avec son projet de loi Asile et Immigration, adopté le 23 avril dernier, l’Etat affiche le double objectif d’entamer rapidement le travail d’intégration des réfugiés et de faciliter la reconduite à la frontière des déboutés.
Si le texte a provoqué la colère des associations de migrants, qui dénoncent un durcissement du droit d’asile, d’autres au contraire, jugent qu’il ne répond pas à question de la gestion des personnes présentes sur le territoire.
Le président des Républicains, Laurent Wauquiez, rejoignant Marine Le Pen, a demandé, lui, un «référendum» sur l’immigration.