La France adopte la digitale attitude cette semaine, afin de devenir la nation des start-up.
A la veille du salon Viva Technology, qui réunira à Paris près de 8.000 entreprises venues de 103 pays, Emmanuel Macron reçoit ce mercredi 23 mai 58 personnalités incontournables du secteur high-tech, autour d’un mini-sommet à l’Elysée. Ce dernier sera largement médiatisé en raison de la venue des patrons stars de Facebook, Mark Zuckerberg, de Microsoft, Satya Nadella, de Samsung Electronics, Young K. Sohn ou encore d’Uber, Dara Khosrowshahi. Pour le chef de l’Etat, le message est clair : «la France doit devenir leader de l’hyper-innovation».
Des investissements en cascade
Cette réunion, sans précédent dans l’histoire du pays, devrait déboucher sur l’annonce de nouveaux investissements dans un secteur en forte croissance. Il a en effet représenté 54 milliards d’euros de revenus pour les entreprises françaises en 2017, un total en hausse de plus de 3 %. De l’intelligence artificielle dans la médecine, des voitures autonomes sur les routes, des robots dans les foyers ou encore de la réalité virtuelle dans l’industrie… Les innovations émergentes dans lesquelles l’Hexagone veut exceller sont légion, à l’heure où 447.000 personnes travaillent dans ce secteur en France, selon la fédération Syntec.
Ainsi, l’Hexagone a du potentiel, puisqu’il se place en 9e position dans le top 20 des pays les plus innovants au monde, publié par Bloomberg début janvier. Une position moins avantageuse que nos voisins allemands (4e) ou que les Japonais (6e), mais qui reste devant les Etats-Unis (11e). Afin de séduire les acteurs internationaux, le chef de l’Etat avait déjà convié, en janvier dernier, quelque 140 dirigeants de multinationales dans le cadre de son rendez-vous «Choose France» (Choisir la France). Une initiative payante, puisqu’elle s’était soldée par la promesse d’investir plus de 3,5 milliards d’euros sur cinq ans, de la part de Google, Facebook et Samsung, notamment. Outre ces fonds privés, l’Etat entend soutenir les jeunes pousses de la «French Tech», par le biais d’un plan de 10 milliards d’euros, annoncé il y a un an par Emmanuel Macron. Avec, toujours, la même ambition : faire de la France «un Etat adapté au XXIe siècle : numérique, innovant et inclusif».
Des challenges de taille à relever
Reste que pour devenir un leader, le pays va devoir monter en puissance. L’objectif est notamment de créer des emplois. «Entre 50.000 et 100.000 postes liés à ce secteur ne sont pas pourvus en France», a récemment expliqué le secrétaire d’Etat au Numérique, Mounir Mahjoubi. Il promet plus de 10.000 formations aux métiers du numérique d’ici à la fin 2019. La France doit également enrayer l’exil des cerveaux. Car si la Silicon Valley s’intéresse de près à l’Hexagone, c’est aussi pour en séduire les
étudiants. Dans son rapport sur l’intelligence artificielle remis fin mars, le mathématicien et député LREM Cédric Villani déplore l’expatriation des talents français. En France, «un chercheur qui débute, après ses dix ou onze années d’étude, commence à moins de 3 000 euros brut par mois. En face, Facebook ou Google peuvent proposer quatre fois plus», prévient Antoine Petit, PDG du CNRS. Charge à la France d’attirer, à son tour, les cerveaux étrangers.