Bains de foule dans un quartier populaire, visite d'un lycée et échange avec des élèves... Emmanuel Macron a voulu vendredi parler de «la Nouvelle-Calédonie d'aujourd'hui», alors qu'une marche bleu-blanc-rouge des non-indépendantistes a rassemblé plusieurs milliers de personnes à Nouméa.
Quelque 4.000 personnes selon la police, plus du double selon les organisateurs, ont manifesté dans les rues de Nouméa pour défendre la Nouvelle-Calédonie française et dénoncer une visite présidentielle trop orientée vers l'identité kanak à leur goût.
Le chef de l'Etat a, lui, choisi lui cette journée pour aller à la rencontre de «la Nouvelle-Calédonie d'aujourd'hui», notamment en se rendant dans le quartier populaire de Montravel, au nord de Nouméa, où il a parlé avec une population souvent enthousiaste, mais parfois aussi très critique.
Cerné d'une nuée d'enfants et assailli par des demandes de selfies et d'embrassades de la part d'une population sensible à sa venue dans un quartier confronté à une importante délinquance, Emmanuel Macron a notamment dû essuyer des reproches sur sa visite controversée samedi à Ouvéa, pour les 30 ans de l'assaut meurtrier contre la grotte où des indépendantistes retenaient des gendarmes en otages.
Un homme originaire de l'île a trouvé «gonflé» qu'il se rende sur place le jour anniversaire de l'assaut, une femme lui a demandé «de ne pas aller» sur place «pour respecter la décision des familles qui ne sont pas prêtes à vous recevoir» et par crainte de débordements.
Dans ce quartier dit de «reconquête républicaine» au nord de Nouméa, le chef de l'Etat a évoqué avec police et gendarmerie les enjeux du dispositif expérimental de la police de sécurité du quotidien (PSQ).
Il avait commencé la journée par une séquence axée sur l'éducation, en se rendant à 280 km de Nouméa, dans la province nord (47.000 habitants), dirigée par Paul Néaoutyine, chef de file de l'UNI-Palika (Union nationale pour l'indépendance).
Après avoir rencontré les élus, il a visité le lycée agricole et général Michel Rocard, à Pouembout, dont la création et l'implantation dans le nord résultent des accords de Matignon de 1988, et symbolise la réconciliation entre les communautés.
Là encore entre bains de foule et selfies, le chef de l'Etat a pris le temps de longuement discuter avec enseignants et élèves.
Dans les pas de Michel Rocard
Interrogé sur Michel Rocard, acteur des accords de Matignon, il a salué le «combat politique qu'il avait mené, quelques semaines après Ouvéa. Il avait patiemment retissé le fil d'une Histoire républicaine», a-t-il dit.
«Il fait partie de ceux qui m'ont beaucoup appris et à qui je dois beaucoup, mais le moment est différent, il ne s'agirait pas de répéter ce qui a été fait. (...) C'est pour moi important de faire ce clin d'oeil à l'Histoire et de mettre une part de mon action, de mes pas, dans ceux qu'il avait pu mener».
Vendredi soir, une séquence plus internationale, liée à la problématique du changement climatique, s'est tenue au siège de la Communauté du Pacifique, à Nouméa, où le chef de l’Etat a participé au dîner de clôture avec les chefs d’Etat et de gouvernement des diverses îles et territoires de cette région particulièrement menacée.
Emmanuel Macron est toutefois surtout attendu samedi sur la partie mémorielle de son séjour. Outre son déplacement à Ouvéa, il remettra symboliquement au gouvernement calédonien l'acte de prise de possession de la Nouvelle-Calédonie «au nom de la France et de l'empereur» Napoléon III, datant de 1853.
Il terminera par un «grand discours» au Théâtre de l'Ile, durant lequel il devrait évoquer les enjeux du référendum sur l'indépendance du 4 novembre, avant de regagner la métropole.