La concertation sur la réforme de la SNCF se poursuit vendredi dans un climat de tension, au lendemain d'une séance qualifiée de «mascarade» par les syndicats de cheminots et avant la reprise, samedi soir, d'une grève qui s'annonce longue.
Les organisations représentatives à la SNCF (CGT, Unsa, SUD, CFDT) devaient se retrouver vendredi à midi, avant d'être de nouveau reçues pour une table ronde au ministère des Transports à partir de 14H30, afin de discuter «de la modernisation sociale et de la contractualisation dans le secteur ferroviaire en lien avec l'arrêt du recrutement au statut».
En prévoyant que les nouveaux arrivants ne soient plus embauchés au statut de cheminot, qui prévoit la garantie de l'emploi et qui fixe notamment les éléments de rémunération, de mobilité ou encore de congés pour environ 90% des effectifs de la SNCF actuellement, le gouvernement fait face à l'opposition totale des syndicats.
La veille, les relations entre les deux parties s'étaient tendues alors qu'ils se revoyaient pour la première fois depuis le lancement de la grève de deux jours sur cinq.
Guerre des mots
«Posture» des syndicats, versus «mascarade» de concertation: une guerre des mots s'est engagée entre les deux camps à l'issue de cette réunion, qui portait sur la question de la dette de 55 milliards d'euros de la SNCF et sur celle du transfert des cheminots vers des sociétés privées après l'ouverture à la concurrence.
«C'est une véritable mascarade» avec «un gouvernement qui brode», qui «n'a pas de propositions et qui ne règle pas les problèmes», s'est insurgé Laurent Brun, secrétaire général de la CGT Cheminots.
«Le gouvernement avance à marche forcée pour tenter de nous asphyxier. On est dans une situation où le mouvement social risque bien de se durcir», a estimé de son côté Roger Dillenseger pour l'Unsa.
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Vendredi matin, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, a de son côté déploré que «la posture des syndicats ne change pas», et a au contraire vanté des avancées, estimant avoir «donné des garanties» aux cheminots qui partiraient chez la concurrence en cas de perte d'un marché par la SNCF à l'avenir. Ils conserveraient selon elle "l'essentiel des garanties du statut".
«On ne peut pas sortir de sept heures de discussions sans que rien n'ait avancé. Ca n'est pas exact», a insisté le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, dénonçant «beaucoup de contrevérités» et de «mensonges».
Nouvelle grève dimanche et lundi
Au total, environ 70 réunions de négociation étaient prévues aux mois de mars et avril entre le gouvernement et les syndicats. En parallèle, ces derniers ont engagé un bras de fer social pour tenter de peser sur les décisions.
Pour SUD-Rail jeudi soir, il fallait «renforcer, amplifier, durcir» la grève pour «faire plier» le gouvernement. «Hélas, les cheminots vont devoir se mobiliser dimanche et lundi (...) Nous sommes partis sur un conflit qui risque de durer si le gouvernement ne revoit pas sa méthode», a prévenu Didier Aubert de la CFDT.
La reprise de la grève est prévue samedi à 20H00, jusqu'à mardi 07H55. Ce sera le deuxième épisode de grève deux jours sur cinq, après celui des 3 et 4 avril, lors duquel le trafic ferroviaire a été très perturbé. Le mouvement doit durer jusqu'au 28 juin.
Alors même que plusieurs conflits sociaux agitent le pays - universités, Air France, milieu hospitalier, fonctionnaires - le président de la République Emmanuel Macron a estimé jeudi que les mouvements sociaux «ne doivent pas empêcher le gouvernement de gouverner».
L'opposition dénonçait vendredi «l'arrogance» de l'exécutif sur ce dossier, à l'image de Laurence Sailliet, une des porte-parole des Républicains. Le député La France insoumise Alexis Corbière a lui aussi pointé «une forme d'arrogance dans la manière d'aborder les choses».
Le projet de loi sur le pacte ferroviaire doit être débattu en première lecture la semaine prochaine à l'Assemblée.