Menés par Olivier Faure, les socialistes entendent se replacer sur l'échiquier politique. La tâche s'annonce ardue.
«Enfin, les ennuis commencent.» Ce récent trait d’humour est signé Olivier Faure, qui doit être officiellement intronisé, ce week-end, premier secrétaire du Parti socialiste (PS), lors d’un congrès à Aubervilliers (en Seine-Saint-Denis), après avoir été élu à la fin du mois de mars.
Une petite phrase qui pourrait bien devenir réalité dans les prochaines semaines. Car, le chef de file des socialistes à l’Assemblée va prendre la tête d’une formation qui, depuis les déroutes électorales de 2017, peine à se relever.
C’est désormais avec une ligne «vraiment à gauche, vraiment réaliste» que le nouveau patron espère faire renaître la maison socialiste de ses cendres.
Des défis en série
Principale mission, et pas des moindres : repositionner le PS sur l’échiquier politique. En effet, «pris en étau entre le social-libéralisme des Marcheurs et la gauche radicale des Insoumis, mais aussi grignoté sur le front écologiste par Benoît Hamon», le parti n’incarne plus de ligne idéologique claire et susceptible de remobiliser les troupes, estime Frédéric Dabi, de l’Ifop.
Si l’espace est donc très restreint, Olivier Faure, compte bien l’occuper en se posant en «rassembleur», selon ses dires. Mais, encore méconnu du grand public, le dirigeant devra, pour cela, devenir l’incarnation de ce renouveau.
Le PS veut ainsi, sur le long terme, reconquérir son électorat – et notamment les classes les moins aisées, qu’il a notamment perdues au long du quinquennat Hollande.
Une tâche qui s’annonce ardue, à l’heure où plus de trois Français sur quatre (77 %) ont une mauvaise image du PS, selon un récent sondage Harris Interactive. En témoignent les huées réservées à Olivier Faure, lors de la manifestation du 22 mars.
Autre défi de taille, stopper l’hémorragie de militants et de cadres, tentés par les autres partis. Après le départ symbolique du ministre Jean-Yves Le Drian, qui était encarté au PS depuis quarante-quatre ans, c’est la direction du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) qui, la semaine dernière, a rejoint la formation de Benoît Hamon, Génération.s. Une nouvelle preuve, selon ce dernier, d’«une vraie fatigue de la gauche».
Sans compter les défis logistiques, puisque le PS doit trouver un nouveau siège, après la vente – nécessaire – de Solférino en février.
Un renouvellement entamé
Reste que le PS, historiquement solide, a de quoi espérer. «Il réapparaîtra comme une alternative crédible s’il incarne une opposition constructive et moins protestataire que LFI», selon Frédéric Dabi.
C’est dans cette optique qu’Olivier Faure dit mettre en place une équipe «paritaire, resserrée et renouvelée», de façon à «travailler à (sa) propre cohésion».
D’ici à la prochaine échéance électorale, à savoir les européennes de 2019, le mot d’ordre est déjà donné : «ne pas vendre du vent, ne pas vendre du rêve». Sous peine de ne jamais se relever.