Trois universités restaient bloquées vendredi 6 avril tandis que la situation était fluctuante dans d'autres établissements touchés par un mouvement croissant de protestation, qui relève d'une certaine «instrumentalisation» selon le premier syndicat étudiant.
La contestation ne procède pas d'«un rassemblement spontané» et relève d'une «instrumentalisation parce qu'il y a un contexte politique qui n'est pas anodin», a affirmé vendredi soir sur BFMTV Jimmy Losfeld, le président du syndicat la Fage, évoquant une volonté d'organisations d'extrême gauche de parvenir à une «convergence des luttes» sociales en France.
Mobilisées contre la loi réformant l'accès à l'enseignement supérieur, les universités Jean-Jaurès (Toulouse), Paul-Valéry (Montpellier) et Paris-8 étaient toujours bloquées vendredi. A Paris, Tolbiac (Paris-1) et Clignancourt (Paris-4) n'assurent plus les cours depuis plusieurs jours, en raison d'un blocage d'étudiants et de militants opposés à la loi sur les nouvelles modalités d'accès à l'université, qui instaure selon eux «la sélection».
De nombreuses villes concernées
A Lille, la préfecture, «en plein accord avec la rectrice et le président de l'université», a envoyé le matin des policiers sur le campus de Lille-2 pour assurer «le libre accès de la faculté de droit aux étudiants», a-t-elle indiqué à l'AFP. Le soir, ce sont les étudiants qui occupaient depuis mercredi un amphithéâtre de Lille-3 qui ont été délogés par les forces de l'ordre, «sans incident» selon la préfecture.
A Nancy, la fac de lettres est elle aussi bloquée, et le mouvement entre dans sa troisième semaine.
Statu quo à Bordeaux : le site de la Victoire, en centre-ville, qui accueille en temps normal quelque 3.000 étudiants, reste bloqué. Les cours sont assurés sur d'autres sites de l'université bordelaise. Les étudiants qui occupent ce site réclament, comme ailleurs en France, le retrait de la loi de Frédérique Vidal.
Via la page Facebook «Bordeaux, casse ta sélection», ils demandent aussi la démission du président de l'université, l'annulation des examens du second semestre pour les promotions touchées par les perturbations liées à la mobilisation, et 15 sur 20 pour les étudiants. Des revendications qui ont suscité les quolibets sur les réseaux sociaux.
Une minorité assez violente
La fin du blocage du campus des Tanneurs à Tours a été voté en AG, ainsi qu'à Poitiers, alors qu'il a été prolongé pour la fac de Lettres et Sciences humaines de Limoges.
A Rennes-2, université en général très active lors des mobilisations étudiantes, mais qui est loin d'être en pointe sur le mouvement actuel, une AG de 150 personnes a voté le blocage de la fac lundi et mardi, avec possibilité de le reconduire. Les étudiants mobilisés réclament le report des examens.
Des étudiants rennais interrogés par l'AFP expliquent la faible mobilisation par la nette baisse du nombre de militants Unef, et le découragement de jeunes échaudés par l'échec des mobilisations contre la loi Travail et les ordonnances. Selon Jimmy Losfeld, dont le syndicat soutient la réforme controversée, «l'expression démocratique étudiante est accaparée par une minorité qui est assez violente et donc assez visible».
Il a dénoncé les «violences», la «démagogie, les contre-vérités colportées» par les personnes à l'origine du mouvement dont certaines ne sont pas «des étudiants : on le voit à la moyenne d'âge sur certaines vidéos d'assemblées générales». D'autant, ajoute-t-il, qu'«on ne comprend pas bien ce que cherchent les étudiants à l'origine du blocage».
«La liberté d'expression, elle est aussi vraie pour les bloqueurs et les bloqueuses que pour les autres étudiants, notamment une majorité silencieuse qui ne peut pas aujourd'hui s'exprimer», a-t-il martelé.