Les cheminots entament dès ce mardi matin une grève qui s’annonce très longue. Mais le gouvernement est déterminé.
Le combat est plus que jamais engagé. Annoncée depuis des semaines, la grève intermittente des cheminots, entamée lundi soir, entre ce mardi dans le vif du sujet.
Prévue pour durer trois mois, à raison de deux jours sur cinq, la pagaille devrait régner sur le réseau national, paralysant en grande partie l’Hexagone et les millions de Français qui prennent le train au quotidien. Un moyen, pour les grévistes, de faire pression sur le gouvernement, alors que ce dernier poursuit sa marche en avant.
Un bras de fer serré
Pour les uns, elle est indispensable. Pour les autres, elles est insupportable. En lançant sa révolution de la SNCF, l’Etat suit un objectif : lui apporter «une plus grande efficacité». Une mue qui passera d’abord, selon lui, par une transformation de l’entreprise publique en «société nationale à capitaux publics». Problème : les syndicats voient, derrière ce changement de forme juridique, les prémices d’une privatisation.
Dans le même temps, l’Etat veut prendre exemple sur ses voisins européens, comme en Italie, où coexistent Trenitalia, Italo et Thello, en ouvrant l’entreprise à la concurrence. Une initiative pour se conformer aux directives européennes. Là encore, les cheminots montent au créneau, craignant pour la «pérennité» de l’entreprise, avec une hausse des prix et une désorganisation du système.
Mais, le bras de fer ne s’arrête pas là, avec le statut de cheminot au centre des débats. Le gouvernement entend le supprimer pour les futurs embauchés, afin d’uniformiser les avantages sociaux. Pur «dogmatisme idéologique», répondent les syndicats, qui accusent la réforme de ne pas s’attaquer aux vrais problèmes.
Preuve de la volonté de tenir bon, Guillaume Pepy a jugé la grève «complètement décalée». La direction de la SNCF a d’ailleurs annoncé une prime de 150 euros pour inciter les cadres, anciennement conducteurs, à conduire les trains pendant le mouvement.
«Il est classique, au début d’un conflit social, que le gouvernement soit ferme. Mais l’un des deux partis devra faire des concessions», selon le sociologue Stéphane Sirot du Cevipof. Le suspense reste donc entier, sachant qu’au cours des dernières années, les grèves ont toujours eu raison, à terme, des volontés de réformes des gouvernements.
Un futur incertain
La question est de savoir si la mobilisation peut durer. Pour tenir, les cheminots vont devoir «déporter le débat sur les autres luttes à venir», souligne Stéphane Sirot. Il est possible que l’Etat affronte un début de printemps social, les salariés d’Air France et le secteur de l’énergie étant aussi en grève ce mardi.
Mais pour que la bataille soit réussie, les cheminots ont besoin de l’adhésion des Français. Selon un sondage Ifop pour le JDD, 46 % des personnes interrogées soutiennent le mouvement de grève. Un chiffre en augmentation depuis mi-mars, puisqu’il était alors de 42 %. Mais ce soutien sera-t-il toujours aussi présent lorsqu’il aura été mis à l’épreuve de la paralysie générale dans les transports ?