Le quadruple assassinat de ce vendredi 23 mars a suscité une grande vague d’émotion, alors que l’Etat entend réagir vite.
Après le choc, les larmes. Des messages ou des dessins griffonnés sur un morceau de papier, des bouquets de fleurs par dizaines, la mairie de Trèbes recouverte du message «Stop à la violence», ou encore des appels de soutien reçus par les gendarmeries…
Les gestes de solidarité se sont multipliés partout en France, ce dimanche 25 mars, après les attentats perpétrés par Radouane Lakdim, qui ont fait quatre morts, vendredi, dans l’Aude. Preuve que l’émotion était plus que palpable dans l’ensemble du pays.
Une résonance nationale
«Je suis très triste. Toute la France est malheureuse», témoignait ainsi un habitant de Trèbes. La petite commune, théâtre de la prise d’otages dans le Super U, a salué hier la mémoire des victimes pendant une messe empreinte d’émotion, où chrétiens et musulmans se sont recueillis main dans la main.
Quant au gendarme qui a donné sa vie pour sauver celle d’une otage, Arnaud Beltrame, il doit recevoir un hommage national durant la semaine. Un sentiment de reconnaissance que la population tout entière semble partager, et qui montre que la tuerie perpétrée ce vendredi 23 mars a une résonance bien particulière.
C’est en effet dans une commune d’à peine 5.000 âmes, en périphérie de Toulouse, que le jihadisme a fait de nouvelles victimes, illustrant le fait qu’il peut frapper n’importe où. «Cela donne le sentiment qu’un attentat est encore plus imprévisible qu’avant», souligne la docteur en psychologie Marianne Kédia, auteur de Panser les attentats (éd. Robert Laffont).
D’autant que, si les dernières attaques sur le territoire avaient notamment ciblé des journalistes, des policiers, des juifs ou un prêtre, aucune communauté ou corps de métier n’a, cette fois, été visé en particulier. En perpétrant un carnage dans un simple supermarché, l’assaillant a montré que n’importe quel Français pouvait être atteint dans son quotidien le plus anodin.
A cela s’ajoute le profil des victimes civiles : un boucher, un viticulteur à la retraite et un ex-maçon. Autant d’éléments qui expliquent que l’attaque, très locale, a eu un écho national. «C’est l’effet de la mort kilométrique : plus on est proche du lieu de l’attentat ou du milieu social des victimes, plus on se sent concerné», selon Marianne Kédia.
Sans oublier, bien sûr, le sacrifice d’Arnaud Beltrame, représentant de l’Etat «tombé en héros», selon l’Elysée. Alors que les six derniers mois avaient permis aux Français d’espérer une accalmie, ce nouveau drame les a replongés, en quelques heures, dans la peur.
L’Etat cherche la riposte
Reste qu’après le chagrin, viendra rapidemment le temps de l’action. Critiqué par la droite pour son «laxisme», l’exécutif entend prouver sa «détermination absolue» face à une «menace élevée» – pas moins de deux projets d’attentats auraient été déjoués depuis janvier, selon l’Etat.
Emmanuel Macron va ainsi s’entretenir avec les responsables des services impliqués dans le suivi des personnes radicalisées – renseignement, police, gendarmerie, parquet et administration pénitentiaire.
L’objectif : mobiliser «tous les moyens nécessaires» pour répondre aux questions posées par le profil du jihadiste, radicalisé et fiché S. Un défi de taille pour le président, qui a lui-même remplacé l’état d’urgence par un nouvel arsenal anti-terroriste.
J'invite chacune et chacun de nos concitoyens à être conscient de la gravité de la menace terroriste mais à être également conscient de la force et de la résistance que notre peuple a démontrées chaque fois qu'il a été attaqué.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 23 mars 2018