Il est «mort pour la patrie», selon les mots de Gérard Collomb. Le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame a succombé à ses blessures la nuit dernière après avoir agi héroïquement lors de l'attaque terroriste de l'Aude.
Âgé de 45 ans, il s'était livré la veille au terroriste retranché dans un magasin Super U de Trèbes, près de Carcassonne, (Aude), pour permettre la remise en liberté des otages.
Un parcours brillant
Diplômé de l'Ecole militaire d'interarmes de Saint-Cyr Coëtquidan en 1999, Arnaud Beltrame était loué par ses supérieurs pour son «esprit résolument offensif face à l'adversité». C'était déjà un homme qui «se bat jusqu'au bout et n'abandonne jamais». Ensuite, il a rejoint l'Ecole des officiers de la Gendarmerie nationale. Diplômé en 2001, il est une nouvelle fois sorti major de la promotion «Capitaine Gauvenet».
Deux ans plus tard, Arnaud Beltrame fait partie des sept candidats sur quatre-vingt qui ont été retenus pour intégrer le GSIGN (actuel GIGN). Et l'année 2005, il a été décoré de la croix de la valeur militaire, lors d'un déploiement en Irak. Avec citation à l'ordre de la brigade, cette fois-ci en 2007.
Un «très fort sens du devoir»
Commandant de compagnie au sein de la Garde Républicaine, il a assuré durant quatre ans la sécurité du Palais de l'Elysée, avant de prendre en 2010 le commandement de la compagnie d'Avranches, jusqu'en 2014.
L'ancien maire d'Avranches, Guénhaël Huet a été son voisin durant quelques années. Rencontré par nos confrères de Ouest-France, il se souvient d'«un homme de terrain, d'action très courageux. Qu'il ait fait cette proposition de se substituer à un otage ne me surprend absolument pas», témoigne-t-il. Il évoque ensuite un homme «qui n’a peur de rien, qui va à l’affrontement, qui est présent», mais aussi «qui avait un très fort sens du devoir.»
Après son passage à Avranches, Arnaud Beltrame est entré au ministère de l'Ecologie et du Développement durable, où il a officié quelques temps comme conseiller auprès du secrétaire général. Et en août 2017, il a pu retrouver le terrain, en tant qu'officier adjoint au commandant du groupement de gendarmerie départementale de l'Aude. Ses qualités de commandement, sa disponibilité et son implication extrême étaient extrêmement appréciées par son équipe, nous apprend un communiqué de l'Elysée.
«C'était forcément lui»
Terrible ironie du sort, le 13 décembre dernier, le gendarme était aux commandes d'un exercice de simulation d'attentat organisé dans des bâtiments désaffectés d'EDF à Carcassonne, révèle La Dépêche. Le quotidien l'avait suivi à cette occasion, dans cette simulation de tuerie de masse qui se déroulait... dans un supermarché.
Interrogée par RTL, la mère d'Arnaud Beltrame a confié ne pas avoir été surprise au moment d'apprendre son ultime acte de bravoure : «Je savais que c'était forcément lui. [...] C'est sa raison de vivre, défendre la patrie». «Ça ne m'étonne pas de lui (...) Il a toujours été comme ça, c'est quelqu'un qui, depuis qu'il est né, fait tout pour la patrie (...). Pour lui, c'est sa raison de vivre, défendre la patrie. C'est Arnaud ça, voilà, défendre les autres», a-t-elle ajouté.
Marié et sans enfant, Arnaud Beltrame est décoré de l'ordre national du Mérite.
Emmanuel Macron a appelé «chaque Français à honorer sa mémoire».