Les enquêteurs tentaient samedi de comprendre les raisons du passage à l'acte de Radouane L., l'auteur des attaques jihadistes qui ont fait quatre morts dans l'Aude, alors qu'il ne semblait plus être une menace aux yeux des autorités.
Le bilan s'est alourdi à quatre morts avec l'annonce samedi matin du décès du lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame, qui s'était proposé comme otage à la place des personnes retenues par Redouane L.
Français d'origine marocaine de 25 ans, Redouane L. a mené plusieurs attaques vendredi à Carcassonne puis dans la petite ville proche de Trèbes, avant d'être abattu par les forces de l'ordre. Il s'est présenté comme «un soldat» de Daesh, qui a peu après revendiqué les attaques.
La dernière attaque en France, ciblée depuis 2015 à de nombreuses reprises, avait eu lieu il y a plus de cinq mois et avait fait deux morts, le 1er octobre 2017, à la gare Saint-Charles de Marseille.
«Passé à l'acte brusquement»
«Nous avions suivi» Radouane L. «et nous pensions qu'il n'y avait pas de radicalisation», mais «il est passé à l'acte brusquement», a concédé le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb.
Né au Maroc le 11 avril 1992, cet homme vivait à Carcassonne. A partir de 2014, il a été suivi par les services de renseignements et fiché S (pour sûreté de l'Etat) «en raison de ses liens avec la mouvance salafiste», selon le procureur de Paris, François Molins. Mais il a ensuite semblé changer de registre. En août 2016, il a fait un mois de prison après des condamnations pour «port d'arme prohibé», «usage de stupéfiants» et «refus d'obtempérer».
En 2016 et 2017 il a de nouveau été suivi par les services de renseignement, qui n'ont décelé aucun «signe précurseur pouvant laissent présager un passage à l'acte terroriste», selon M. Molins. Sa surveillance est alors arrêtée.
Les investigations se poursuivaient pour établir la provenance de l'arme qu'il a utilisée et déterminer s'il a pu bénéficier de complicités. Une «proche qui partageait sa vie» a été placée en garde à vue vendredi en début de soirée, après une perquisition dans son quartier de Carcassonne, selon M. Molins.
Lors de ses attaques, il a notamment demandé «la libération de frères» dont, selon une source proche du dossier, celui de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des attentats jihadistes du 13 novembre 2015 (130 morts), emprisonné à Paris.
Daesh a indiqué que Radouane Lakdim était l'un de ses «soldats» ayant répondu à son appel à «viser les pays membres de la coalition» internationale.