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Grève : la rue comme révélateur

Plus de 25.000 personnes sont attendues à Paris[LOIC VENANCE / AFP]

Le mouvement de colère des cheminots et des fonctionnaires pourrait entraîner un printemps social plus général.

C'est le jour ou jamais. Opposés aux réformes de l’Etat, les fonctionnaires ont choisi de se mobiliser aujourd’hui. Un mouvement d’ampleur qui a reçu, au fil des semaines, le soutien de nombreuses autres professions, allant des cheminots, aux agents de la RATP, en passant par les douaniers et les pilotes d’Air France. Parmi les sujets qui fâchent : la suppression annoncée de 120 000 postes au sein de la fonction publique, l’augmentation de la CSG ou encore la réforme de la SNCF. Une épreuve cruciale pour les grévistes mais aussi pour Emmanuel Macron, qui a réussi jusqu’ici à éviter les remises en question de sa politique.

Un double test

Les syndicats, eux, espèrent marquer les esprits pour rester dans la course face au gouvernement. Surtout après l’échec de la manifestation du 12 septembre dernier, qui était la première organisée contre la réforme polémique du Code du travail. Alors que les grévistes avaient prédit un large succès, elle n’avait finalement réuni qu’entre 223 000 et 400 000 personnes. Un chiffre qui s’était ensuite étiolé au fil du temps. Pour éviter un nouveau couac, les syndicats jouent maintenant la carte de l’unité. Lancé par sept syndicats de fonctionnaires et quatre organisations représentatives de la SNCF, l’appel à manifester aujourd’hui bénéficie aussi du soutien appuyé de nombreuses formations politiques de gauche. Du NPA à EELV, en passant par le PCF, Génération-s, la France Insoumise et le PS, tous battront le pavé. Plus étonnant, même Les Patriotes de l’ancien cadre du FN, Florian Philippot, seront présents.

Au final, seules la CFDT et l’UNSA se sont désolidarisés des autres formations de la fonction publique et ne défileront pas. Mais le président de la république espère de son côté, que ce sera suffisant pour briser la belle unité. «L’enjeu est important pour Emmanuel Macron, qui n’a plus de relais au sein des syndicats pour réguler le mouvement social», souligne Rémi Bourguignon, chercheur au Cevipof. Le président et le gouvernement, qui affichent une position ferme depuis des semaines, ont choisi une méthode critiquée, les ordonnances, permettant de réformer à un rythme soutenu. La mobilisation d’aujourd’hui constitue un test crucial, qui pourrait donc valider ou invalider leur stratégie.

Une France bloquée ?

Cette manifestation est d’autant plus importante qu’elle pourrait marquer le début d’une séquence sociale importante. Les salariés d’Air France ont ainsi déjà prévu de se faire entendre demain et le 30 mars. Et les cheminots prendront le relais, à partir du 3 avril, avec une grève d’un nouveau genre, à raison de deux jours sur cinq. «Il est encore tôt pour dire si la France va connaître un printemps social, mais même avec une faible mobilisation, les cheminots ont une capacité de nuisance», explique Rémi Bourguignon. La perspective d’un long combat social, où les Français seraient touchés, semble traverser le gouvernement. Edouard Philippe a récemment lâché du lest concernant la hausse de la CSG, qui ne s’appliquera pas pour les 100 000 retraités se situant juste au-dessus du seuil établi. Ouvert, l’Etat entend toutefois rester ferme, déterminé à «tenir» face aux grèves, selon le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Reste à savoir jusqu’à quel point. 

 

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