L'exécutif, confronté à la grogne des retraités qui subissent les effets de la hausse de la CSG, a fait un petit geste mardi en promettant de «corriger le dispositif» pour 100.000 couples l'an prochain.
Augmenter la CSG des retraités de 1,7 point pour financer une baisse de cotisations sociales des actifs afin que «le travail paie» : la mesure de campagne d'Emmanuel Macron s'applique depuis le 1er janvier sur le portefeuille de quelque 60% des retraités français, soit environ 7,5 millions de personnes.
Pour éviter de frapper les plus modestes, l'exécutif a écarté 40% d'entre eux de la mesure et fixé des seuils : un revenu fiscal de référence supérieur à 14.404 euros pour une personne seule et 22.051 euros pour un couple.
Or, dans des cas de couples avec une petite retraite sous le seuil et une autre plus nettement au-dessus, «l’addition des deux retraites fait que vous passez au-dessus du seuil du revenu fiscal de référence pour un couple», a expliqué M. Philippe.
C'est pour ces 100.000 couples qui sont «juste au-dessus» du seuil que le gouvernement veut effacer la note, a expliqué Edouard Philippe sur RMC et BFM TV.
Pour ceux-là, «il faut corriger le dispositif et nous le corrigerons dans la prochaine loi de finances», a assuré le Premier ministre. Matignon s'est contenté d'indiquer que «le gouvernement étudiera(it) les pistes» dans les textes financiers de l’automne pour les «100 000 foyers de couples retraités» concernés.
Les seuils retenus ont suscité des mécontentements : avec un plancher de 1.200 euros par mois pour une personne seule et 1.830 euros pour un couple, nombreux étaient les retraités à souligner qu'ils restaient bien modestes et en tout cas pas «aisés»...
D'autant que la communication du gouvernement en janvier s'est avérée ambiguë car elle omettait de préciser que des retraités ayant des revenus annexes franchiraient les fameux seuils.
L'effet s'est ressenti dans les sondages. En deux mois, le nombre de mécontents de l'action du chef de l'Etat chez les plus de 65 ans a ainsi bondi de 44% à 58% (+14 points), selon un sondage Ifop.
Et la demi-part des veuves ?
Pour enrayer cette désaffection, l'exécutif mise sur la suppression progressive de la taxe d'habitation. Sauf que celle-ci ne sera visible qu'à partir de novembre, lorsque les Français la paieront.
Du côté des syndicats de retraités, Michel Salingue (FGR-FP) a jugé le geste du Premier ministre «positif» et la preuve que «nos manifestations ont eu un impact». «Il admet qu'il y a des injustices mais une rectification mineure ne va pas régler le problème», a prévenu Didier Hotte (FO), alors que la mesure concerne à peine 2% des retraités frappés par la hausse de la CSG.
«Nous sommes heureux d'une première mesure en faveur des couples à revenus modestes mais nous craignons que ce soit un effet d'annonce et attendons les mesures de mise en place», a pour sa part affirmé la CFE-CGC.
Même tonalité pour le Parti communiste, qui juge qu'«il va falloir que le gouvernement précise ce geste».
«Enfin le gouvernement se rend compte qu'il y a un problème», s'est réjoui de son côté LR, par la voix du député Gilles Lurton.
Profitant d'une légère embellie sur les finances publiques, certains évoquent déjà d'autres mesures favorables aux aînés : ainsi le député LREM de la Vienne, Sacha Houlié, vient-il de proposer de rétablir la fameuse «demi-part fiscale des veuves» supprimée en deux temps sous Nicolas Sarkozy et François Hollande, qui avait provoqué d'importantes hausses d'impôt.
Selon M. Houlié, son rétablissement coûterait entre 700 millions et 1 milliard d'euros à l'Etat.
Mardi matin, Edouard Philippe n'a pas fermé la porte à une mesure «qui n'est pas arbitrée, pas encore décidée».
«On va mettre en oeuvre beaucoup de mesures de justice, mais je veux le faire à un rythme maîtrisé, sans promettre des choses que je ne suis pas capable de tenir», a toutefois souligné le Premier ministre.