Après de nombreux livres sur l'écologie et sur ses exploits nautiques, la navigatrice Maud Fontenoy a sorti, jeudi 15 mars, un ouvrage plus personnel, intitulé «Vivre, vraiment». La sportive s'y dévoile, cette fois-ci, à travers ses riches expériences, donne ses recettes pour trouver le bonheur et s'épanouir, en que femme de 40 ans, dans la société française.
Pourquoi avoir décidé d'écrire un livre aussi personnel ?
A chacune de mes aventures, j’ai toujours reçu les témoignages de femmes qui me disaient que mes exploits maritimes pouvaient leur donner un coup de pouce ou un soutien dans ce qu’elles avaient envie d’entreprendre. Lors de mes conférences, des femmes viennent me voir pour me dire, « c’est dingue l’énergie que vous me donnez ». Du coup je me suis dit que j’allais essayer de me servir de mon expérience de navigatrice pour montrer qu’on est capable de réaliser plein de choses, souvent des choses qui nous dépassent.
Vous parlez de choses personnelles – la mort de votre mère, la maladie de votre enfant – était-ce difficile à coucher sur le papier ?
Ce n’est pas simple de parler de soi donc j’ai essayé de parler de choses pour en extraire quelque chose de positif, de désacraliser certaines choses pour essayer de prouver qu’on a cette force en soi pour s’en sortir. Après, c’est aussi rendre hommage à Maman qui a été très importante pour moi. Je pense que la vie peut se comparer à des vases communicants, quand il y a des moments difficiles, d’autres moments bons arrivent. On rebondit, on se reconstruit. On est tous un peu super-héros dans notre quotidien. Les tempêtes finissent toujours par passer.
Quelle est, selon vous, la place de la femme dans la société aujourd’hui ?
Je pense que ce n’est pas encore égalitaire malheureusement. Quand ma maman me disait « Toi ma chérie, tu me venges », c’était une façon de dire que les femmes de la génération de ma mère ne se sont jamais posé la question de ce qu’elles voulaient faire. Les femmes de ma génération décident de leur vie, de ne pas se laisser enfermer dans un carcan. Il y a encore beaucoup de boulot.
Pour parler de mes aventures personnelles, dans des milieux très masculins, on ramène tout au « elle c’est pas une gonzesse, c’est un vrai mec », ce sont des réflexions toujours réductrices, qui laissent penser que si on réussit c’est qu’on est masculins. J’essaie de dire qu’on peut être femme, féminine. Les femmes et les hommes ont une part de fragilité, une part de force, une part de sensibilité, une part de poésie, une part de persévérance… Je voulais prouver qu’une femme pouvait y arriver autant qu’un homme. Malheureusement je suis très regardée, on décrypte souvent dans les papiers comment je suis habillée, on va me poser des questions sur mes enfants de pères différents… Tout ça est un peu plus montré du doigt que pour les hommes.
Cela paraît choquant qu’il n’y ait pas d’égalité de salaires, que les problèmes d’agressions sexuelles soient encore présents. La parole doit se libérer. On se sent toujours honteux de parler mais j’ai envie de dire aux femmes quand ça vous arrive ce n’est pas parce que vous êtes quelqu’un de faible. On peut être désarçonnée autant si l’on est fort physiquement ou mentalement. Il faut qu’on élève nos petits garçons pour comprendre ces enjeux-là autant que nos filles.
Le livre s’adresse-t-il seulement aux femmes, ou les hommes peuvent également apprendre des choses ?
C’est vrai que je me suis beaucoup adressée aux femmes, car je voulais leur donner un certain dynamisme. J’espère aussi que ça peut parler aux hommes. Il y en a beaucoup qui sont admiratifs de mes aventures maritimes, des hommes très modernes qui admirent les femmes qui sont des mères célibataires et qui élèvent leurs enfants. A la base j’ai écrit ce livre pour les femmes mais il s’adresse à l’humain avec H. Car l’humain avec un grand H est capable de réaliser des choses plus grandes que lui. J’espère que les hommes trouveront un discours modéré qui n’essaie pas de les séparer des femmes mais de pointer du doigt des difficultés que vivent certaines femmes qu’ils ne voient pas forcément.
Quels sont les trois conseils que vous donneriez à quelqu’un pour trouver son bonheur ?
La première chose est de se poser la question de qui l’on est et de ce que l’on veut. Ce n’est pas simple car parfois on n’est pas bien dans sa peau. Il faut se demander ce que l’on veut faire. Parfois on fait des choses dont on n’a pas envie pour atteindre des objectifs.
Ensuite, il faut rester positif. Toujours tourner une situation pour que ça reste positif. Parfois j’envisage le pire en me disant que ce qui arrive n'est pas si horrible.
Il faut, enfin, cultiver l’art de l’essentiel. On n’a pas forcément besoin d’être entouré de millier de personnes, de faire mille choses… Il faut savoir pourquoi on fait les choses, les ramener à l’essentiel.
Quels sont vos prochains projets ?
J’aimerais beaucoup réaliser des documentaires, sur le côté humain, l’homme qui réalise des choses importantes et son lien avec la nature. Les paradis qu’on veut préserver avec des humains qui s’engagent. En ce moment, c'est surtout ma fondation qui m’occupe. J’y suis bénévole depuis quinze ans, on fait de l’éducation à l’environnement, on a des programmes éducatifs gratuits dans tout le milieu scolaire, dans les maternelles, primaires, collèges et lycées. On a un gros travail d’éducation à l’environnement qui me passionne beaucoup.
«Vivre, vraiment», First Editions, 16,95 euros
«Mission planète : carnet de bord à compléter», Gründ, 9,95 euros