Le musée d'art contemporain (MAC) de la ville de Lyon a provoqué la colère des associations de défense des animaux en diffusant, depuis le 8 mars, les images d'une vidéo de poulets brûlés vifs.
Adel Abdessemed est l’artiste à l’origine de cette «œuvre» qui fait partie de l'exposition «Antidote». Pendus par les pattes, les poulets vivants sont alignés contre un mur et brûlés vifs, sur cette vidéo diffusée en boucle sur les murs d’une salle de ce musée.
@sanatberbat Adel Abdessemed, Printemps. L'antidote sergisi, Musee d'art contemporain Lyon. pic.twitter.com/HesdXsX1fn
— Emir Külal Haznevi (@KulalHaznevi) 10 mars 2018
Le MAC s’est fendu d’un communiqué pour justifier ce choix. «Cette œuvre vidéo a été réalisée au Maroc avec une équipe de techniciens créateurs d’effets spéciaux pour le cinéma, qui utilisent couramment ce produit pour créer des effets de flammes et d’incendie qui sont sans danger», explique le musée, qui assure encore que les poulets «n’ont été soumis à cet effet de flammes que pendant 3 secondes et sous le contrôle strict des techniciens et de l’artiste pour éviter toute souffrance ».
Le musée assure que «la démarche de l'artiste est bien de dénoncer la violence et la souffrance, mais à l'instar du cinéma et de son usage des effets spéciaux, de ne pas lui-même être acteur de ce qu'il entend dénoncer».
Les associations s’indignent
Ces explications sont loin de convaincre les militants de la cause animale. Scandalisés, la Fondation Brigitte Bardot, l’association Peta et le défenseur des animaux Aymeric Caron n’ont pas tardé à réagir dans la presse et sur les réseaux sociaux. Pour l'écrivain et journaliste, «une plainte s'impose».
La loi punit toute personne qui commet un acte de cruauté sur un animal. Jusqu'à 2 ans de prison et 30 000 euros d'amende. @macLyon vous êtes complices. Une plainte s'impose. https://t.co/cov06l2kip
— AymericCaronOfficiel (@CaronAymericoff) 11 mars 2018
«Au nom de l'Art... @macLyon, peut-on avoir un éclairage sur cette 'œuvre' d'Adel Abdessemed que vous exposez actuellement et qui scandalise (c'est peut-être l'objectif) ?», a lancé la Fondation Brigitte Bardot sur Twitter, tandis que l’association Peta estime qu’il ne s’agit pas d’art mais de «cruauté envers les animaux». «Que l’artiste ait utilisé un trucage ou non, les poulets exploités dans la ‘performance’ d’Adel Abdessemed ont été suspendus à l’envers par des crochets, exhibés à des spectateurs et confrontés à la présence de flammes sur leur corps – une expérience terrifiante et traumatisante pour ces êtres sensibles et intelligents», dénonce l’association.
Au nom de l'Art... @macLyon, peut-on avoir un éclairage sur cette "œuvre" d'Adel Abdessemed que vous exposez actuellement et qui scandalise (c'est peut-être l'objectif) ? https://t.co/BJLHNhC8Et
— FONDATION B. BARDOT (@FBB_PORTEPAROLE) 11 mars 2018
Des effets de flammes «sans danger» assure l'artiste
De son côté, l'artiste affirme dans les colonnes du Figaro que les poulets n'ont pas souffert. «Le feu est un artifice... il n'a pas plus brûlé les coqs que moi-même... (...) J'ai déjà utilisé ce produit sur moi-même pour 'Je suis innocent', qui me montre en flammes (...). Croyez-vous que les figurants des films de guerre meurent réellement ou que les personnages de Hitchcock sont réellement assassinés ? (...) Je suis un ardent défenseur de la cause animale et j'en dénonce la souffrance que nous lui faisons subir comme à l'homme !»
Pour l’heure, le musée n’a pas prévu de retirer l’œuvre, censée être exposée jusqu’au 8 juillet.