Jacques Rançon, alias «le tueur de la gare de Perpignan», a demandé pardon, lundi devant les Assises des Pyrénées-Orientales, à l'une de ses victimes venue témoigner d'une agression, au 5e jour de son procès pour homicides volontaires.
«Je lui demande pardon et je regrette», a dit l'accusé, poussé par ses avocats.
Devant lui, une femme d'une quarantaine d'années venait de raconter comment un soir de septembre 1998 au Boulou (Pyrénées-Orientales), après son travail au MacDo, elle avait été agressée par Rançon qui avait percuté sa voiture et tenté de l'en faire sortir au prétexte que «sa voiture faisait des étincelles».
«J'ai refusé», a-t-elle expliqué à la barre. Enfermée dans sa voiture, la jeune fille avait vu que Rançon portait un couteau Laguiole. Son père, alerté par téléphone, avait ensuite fait fuir Rançon après lui avoir asséné un coup de batte de base-ball.
Arrêté grâce à son immatriculation, puis reconnu derrière une vitre sans tain par la jeune fille et son père, Rançon avait été alors condamné en correctionnelle à trois ans de prison dont 2 avec sursis et 3 ans de mise à l'épreuve. C'était sa deuxième condamnation.
Vers une 3è condamnation
L'audience de lundi est consacrée aux victimes d'agression et de viol de Rançon, qui a eu 58 ans vendredi.
Originaire d'un milieu miséreux de Picardie, cet ancien cariste-magasinier est jugé devant les Assises à Perpignan pour avoir violé, tué et atrocement mutilé Moktaria Chaïb, le 20 décembre 1997 puis Marie-Hélène Gonzalez, le 16 juin 1998.
Il lui est aussi reproché d'avoir tenté de violer une autre femme et d'en avoir laissé une quatrième pour morte.
La première condamnation de Rançon remonte à 1992 à Amiens. Il a écopé de huit ans de prison pour le viol de Nathalie, qui selon le même modus operandi avait été agressée au volant de sa voiture, menacée avec un couteau, contrainte de monter dans le véhicule de son agresseur et violée sur un chemin de traverse.
«C'est atroce, j'ai cru que je n'allais plus vivre», a déclaré Nathalie, 46 ans, à la barre lundi matin. Après le viol, Rançon l'avait relâchée en pleine nuit après avoir volé son sac à main. Puis l'avait rappelée plusieurs fois. «Il me parlait comme si on était des potes, il voulait qu'on continue à se voir», a-t-elle témoigné.
Le verdict est attendu le 26 mars.