Vin, pomme, fraises et charcuterie: Édouard Philippe s'est prêté mardi matin aux figures imposées d'une visite au Salon de l'agriculture, où il se rendra également mercredi et jeudi, en mettant l'accent sur la formation et l'apprentissage.
«Mangez des pommes», s'est amusé à lancer au public le Premier ministre en déambulant dans les allées du Salon, une pomme rouge à la main. Histoire d'adresser un clin d'oeil autant à l'ancien président de la République Jacques Chirac, qui avait fait du Salon un passage obligé, qu'à la Normandie, où il a été maire du Havre.
Présent quatre heures Porte de Versailles, Edouard Philippe, escorté du ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, n'a dérogé à aucune tradition quitte à mêler étrangement les saveurs, goûtant là un verre de muscat d'Alsace, ici un peu de charcuterie basque, après avoir étrenné les premières fraises françaises de l'année. Sans compter l'incontournable visite de courtoisie à la vache «Haute» (de race Aubrac), égérie du Salon.
«Ce qui est important c'est d'écouter, c'est d'expliquer ce que nous faisons, c'est de célébrer aussi l'agriculture française qui est une chance pour notre pays», a-t-il assuré avant de s'arrêter sur différents stands où il a été interpellé par les professionnels.
Alors qu'une loi issue des États généraux de l'alimentation est attendue en septembre pour garantir une meilleure rémunération de la production, M. Philippe a entendu les doléances des différentes filières, dont certaines subissent une crise difficile (céréales, porc).
«On va bouger sur la loi: l'idée est de ramener de la valeur chez le producteur. Mais il faudra expliquer à nos concitoyens que l'objectif c'est ça. C'est de permettre (aux producteurs) d'exploiter dans de bonnes conditions, d'avoir un revenu, de continuer à investir, de mettre de la qualité», a ainsi promis le Premier ministre lors d'une étape auprès des producteurs laitiers.
M. Philippe a aussi pu mesurer l'attente suscitée par le plan d'investissements de cinq milliards d'euros dans l'agriculture, la pêche et l'agroalimentaire promis en septembre dernier, et dont Matignon devrait prochainement annoncer la répartition.
«Préparer l'avenir»
«Le Premier ministre annonce 2 milliards pour les fruits et légumes. C'est officiel», a ainsi tenté un représentant de la filière (Interfel). «Dans les 5 milliards on sait déjà que la moitié va pour la filière laitière, c'est déjà une bonne chose», a-t-on lancé sur le stand du lait.
«On a vendu déjà cinq moitiés (de l'enveloppe), heureusement qu'on fait attention», a plaisanté en retour Édouard Philippe, prévenant toutefois que «l'idée de ces fonds ce n'est pas de continuer à fonctionner comme on fonctionne actuellement», mais «de passer à l'étape d'après, de préparer l'avenir de la filière».
M. Philippe a surtout placé ce premier passage sous le signe de la formation et l'apprentissage, en partageant un petit-déjeuner avec une quinzaine d'élèves issus de l'enseignement agricole, venus de toute la France. Une convention entre Stéphane Travert et Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation, a ensuite été signée pour développer les passerelles entre enseignements agricole et général.
«Ce qui se joue, c'est un défi pour eux: vont-ils être bien formés et vont-ils être capables d'affronter le monde de l'emploi ? Pour l'agriculture française c'est un enjeu considérable aussi parce que l'on voit bien que si on regarde à 30 ou 40 ans, la perspective essentielle c'est la montée en compétences. Si on veut encore avoir une agriculture puissante (...) il faut faire le pari de l'intelligence et la formation», a souligné M. Philippe.
Le Premier ministre poursuivra sa visite mercredi par un déjeuner avec les producteurs locaux de Normandie, avant de rencontrer jeudi les organisations professionnelles de la pêche et de l'agriculture.