Craintes des exploitants, scandales sanitaires ou pratiques alimentaires…Les dossiers à gérer sont nombreux.
C’est son baptême du feu. Nommé en juin dernier, Stéphane Travert, doit, dès demain, samedi 24 février, participer à son premier Salon de l’agriculture en tant que ministre en charge du dossier.
Un passage d’autant plus scruté qu’il sera accompagné du chef de l’Etat, Emmanuel Macron. Mais si ce dernier a, dès le début de son mandat, multiplié les engagements envers le secteur, les attentes restent fortes chez les agriculteurs.
Quel est votre état d’esprit à la veille du Salon, et après les annonces faites par le chef de l’Etat, jeudi ?
Offensif. Le président a tenu, jeudi, à consolider son engagement. D’une part au niveau national, en réaffirmant la capacité de celles et ceux qui font l’agriculture à transformer notre société.
D’autre part, avec un message de confiance adressé à nos partenaires européens. Celui de défendre une politique agricole commune (PAC) forte et cohérente, qui protège tous les agriculteurs.
Un agriculteur sur trois gagne moins de 354 euros par mois. Que comptez-vous faire concrètement ?
Les agriculteurs seront incités, via le projet de loi présenté (qui arrivera au Parlement en avril, ndlr), à se regrouper pour peser face aux centrales d’achats et imposer des prix rémunérateurs. Cela passera aussi par de nouvelles règles sur les promotions.
Prenons l’exemple d’une pâte à tartiner. Le distributeur la propose à un prix très réduit et fait peu de marge. Mais, dans le même temps, il se «rattrape» sur les produits agricoles, en les revendant beaucoup plus cher, alors qu’ils ont été achetés à bas prix. L’objectif est de mettre fin à cette pratique.
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Pensez-vous que les Français vont davantage se tourner vers les produits nationaux ?
Oui, car il y a un réel souci de qualité et de responsabilité de la part des Français, qui veulent consommer en priorité des produits venant de nos territoires.
Ils sont aussi très attachés à la réussite de notre monde agricole. Je pense qu’ils sont prêts à accompagner cette transformation, en consommant les aliments issus de nos régions.
L’affaire Lactalis a ravivé les craintes quant à la qualité des produits…
L’enquête permettra d'identifier un certain nombre de failles et de nouvelles règles seront définies. Aujourd’hui, l’Etat est alerté en cas de contamination sur un produit alimentaire commercialisé.
Nous voulons que demain, il le soit en cas de problème sur l’environnement dans l’usine ou sur un produit en cours de fabrication, si cette contamination est susceptible d'avoir des conséquences sur la santé des consommateurs, pour mettre les productions de côté.
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Vous voulez 50 % de produits bio dans la restauration collective en 2022. Comment faire ?
Nous allons définir les moyens d’atteindre notre ambition pour le bio. Les plans de filières sont là pour aider les producteurs à se convertir au bio et à innover pour diversifier leurs offres.
Nous souhaitons également former plus de jeunes pour leur permettre de créer, demain, leur entreprise et répondre ainsi aux demandes locales.
L’Etat prévoit un vaste plan bio et de réduction des phytosanitaires. Quand seront-ils présentés ?
D'ici à la fin du premier trimestre. Pour ce qui est de la feuille de route sur l'utilisation des produits phytosanitaires, une concertation a été lancée, la semaine dernière.
Le but étant, bien sûr, de réduire l’utilisation de phytosanitaires dans nos pratiques agricoles.
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Comment comptez-vous agir contre le gaspillage alimentaire ?
Comme pour la grande distribution aujourd’hui, nous allons permettre à la restauration collective, dans le cadre de la loi, de pouvoir faire aussi des dons alimentaires.
Mais cette lutte passe aussi par l’éducation. Nous allons signer, mardi, sur le Salon, une convention avec le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, pour mettre en place des parcours d’initiation et de sensibilisation à la nourriture dans les écoles.