Quelques milliers de personnes ont manifesté mardi en France pour protester contre les réformes sur l'accès à l'université et le baccalauréat, après une première mobilisation en demi-teinte la semaine dernière.
A Paris, le cortège parti du Jardin du Luxembourg a rassemblé 3.000 personnes, selon la police, qui ont défilé sous la neige et devaient rejoindre le ministère de l'Education, rue de Grenelle, en fin d'après-midi.
Une heure après le départ de la manifestation, des jeunes vêtus de noir se sont détachés de la foule pour balancer des pierres sur des vitrines, dont celle d'une agence financière, et détruire un abri-bus, selon une journaliste de l'AFP. La préfecture de police de Paris n'a toutefois fait état d'aucun blessé et d'aucune interpellation.
Dans la matinée, toujours à Paris, une dizaine de lycées ont vu leurs entrées perturbées, selon le rectorat. Des barrages filtrants ont été installés aux entrées de cinq établissements, mais les cours étaient assurés normalement dans tous les lycées de l'académie de Paris.
Des manifestations rassemblant chacune quelques centaines de lycéens se sont également tenues dans plusieurs villes en région. Jeudi dernier, une première journée d'action n'avait rassemblé que quelques milliers de manifestants dans toute la France.
L'intersyndicale à l'origine de la mobilisation demande le retrait du projet de loi qui modifie les modalités d'accès à l'université, actuellement en discussion devant le Parlement, et du projet de réforme pour un baccalauréat resserré, qui sera présenté le 14 février par le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer.
«Nous souhaitons lancer un avertissement au ministre pour contester la préparation de la rentrée 2018 puisqu'on supprime des emplois alors qu’il y a une croissance démographique, et aussi sur les différentes réformes en cours», a déclaré Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-FSU. «La plateforme (d'admission post-bac) Parcoursup est faite pour sélectionner, décourager un certain nombre de lycéens, et la réforme du bac va décrédibiliser cet examen».
L'intersyndicale avait également lancé un appel à la grève. Selon le Snes-FSU, premier syndicat dans le secondaire, un tiers des enseignants des collèges et lycées étaient en grève ce mardi. Un taux évalué à seulement 5,50% par le ministère de l'Education.
«Des jeunes en compétition»
A Lyon, quelque 800 manifestants, selon la préfecture, en majorité des enseignants, ont marché derrière une banderole proclamant «Collèges, lycées, universités sacrifiés ! Pas de sélection - pas de bac maison. Des moyens et de l'ambition pour la réussite de tous et toutes».
«On veut une réforme, il y a des choses à modifier mais on ne veut pas de cette réforme faite dans la précipitation après une pseudo-concertation», a déclaré à l'AFP la secrétaire académique du Snes-FSU, Ludivine Rosset.
A Lille, ils étaient environ 300 à battre le pavé dans la matinée, avec des pancartes portant le dessin d'un flacon estampillé «Rapport Mathiot, ne pas avaler !», en référence à Pierre Mathiot, l'ancien président de Sciences Po Lille auteur des propositions sur la réforme du bac.
Olivier, professeur d'histoire-géographie dans un lycée de Liévin (Pas-de-Calais), 45 ans, a déploré qu'avec cette réforme et une orientation plus précoce au lycée «on perde le but de l'enseignement, à savoir faire acquérir un enseignement généraliste de qualité et former des esprits critiques».
Les manifestants étaient une soixantaine à Reims, près de 200 à Strasbourg, jusqu'à 400 à Bordeaux et 800 à Toulouse, dont l'une des universités (Jean-Jaurès, du Mirail) a été bloquée au petit matin.
A Rennes, la police estimait le cortège à un demi-millier de personnes. «Il se passe quelque chose dans les lycées, l'inquiétude est grande. La sélection est en train de se mettre en place pour l'entrée à l'université. La logique de ces réformes est de mettre les jeunes en compétition les uns avec les autres», a déclaré Gwenaël Le Paih, du Snes-FSU Bretagne.