Après plusieurs années de réflexion et de débat, l'Insee a décidé, mardi 30 janvier, d'intégrer le trafic de drogue au calcul du PIB, répondant ainsi à une demande de l'Europe.
D'après l'Institut national de la statistique et des études économiques, cette décision devrait entraîner une révision «en légère hausse» du produit intérieur brut français, précise-t-il dans un communiqué.
Au niveau européen, cela permettra à la France de s'aligner sur les statistiques des autres pays qui intègrent déjà cette donnée, permettant ainsi à Eurostat d'établir des comparaisons internationales.
Une incidence marginale sur la croissance de 2017
Alors que l'Insee dévoilait cette semaine les chiffres de la croissance pour 2017, à 1,9 %, soit son plus fort niveau depuis six ans, la prise en compte des chiffres du trafic de drogue ne devrait toutefois pas influer sur les comptes de la nation, a tenu à souligner l'institut public.
«Il s'agira de révisions à la marge», a en ce sens assuré le chef du département des comptes nationaux de l'Insee, en évoquant un chiffre de «quelques milliards» d'euros, sans plus de précision, à rapporter aux 2.200 milliards d'euros du PIB français.
La décision de l'Insee fait suite à un long débat lancé par Eurostat en 2013. L'institut statistique européen avait en effet demandé aux Etats membres d'intégrer le trafic de drogue et la prostitution dans leurs statistiques nationales, estimant qu'il s'agissait là de transactions commerciales librement consenties .
L'Insee a cependant refusé de comptabiliser la prostitution relevant des réseaux, estimant que le consentement des prostituées n'était «probablement pas vérifié».
Mais en intégrant le trafic de drogue au calcul de son PIB, l'Insee permet tout de même à Eurostat d'ajuster les données fournies par les pays européens, ces activités étant considérées comme légales dans certains Etats, les Pays-Bas par exemple, et illégales dans d'autres.
Par ailleurs, suite à la demande de l'institut statistique européen, plusieurs pays ont décidé d'intégrer ces nouvelles normes. C'est le cas de l'Espagne, du Royaume-Uni et de l'Italie.