Peu de temps après les aveux de Jonathann Daval, qui a reconnu avoir étranglé sa femme fin octobre, en Haute-Saône, ses avocats se sont exprimés devant la presse. L’un d’eux, maître Randall Schwerdorffer, a tenu des propos qui ont scandalisé de nombreux internautes, ainsi que Marlène Schiappa.
La secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a réagi rapidement sur Twitter hier, après avoir entendu l’avocat expliquer que le mari et son épouse Alexia «avaient une relation de couple avec de très fortes tensions. Alexia avait une personnalité écrasante, il se sentait rabaissé, écrasé. A un moment, il y a eu des mots de trop, une crise de trop, qu'il n'a pas su gérer».
«Il va être jugé pour 3, 4 secondes de sa vie, ce n’est pas un mauvais homme, c’est un mec formidable. Quelques secondes dans sa vie, il a eu un accès de violence et cet accès de violence a eu une conclusion dramatique», a ajouté l'avocat, estimant «qu'il y a deux victimes dans cette affaire : Alexia Daval, et Jonathann Daval».
Selon Marlène Schiappa, les propos de l'avocat sont un exemple de «victim-blaming», laissant penser qu'Alexia Daval est responsable du meurtre qu'elle a subi.
« Alexia avait une personnalité écrasante »
Pour tous ceux qui demandent un exemple de « victim-blaming » dans le récit, en voici. #féminicides
Cc @MESNIERThomas @laurossignol @RixainMP @G_GouffierCha @titiou @AssiaBenziane pic.twitter.com/fpQxEbotZ0— MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) 30 janvier 2018
«Nous dire : 'elle a une personnalité écrasante, et c'est pour cela qu'elle aurait été assassinée', je trouve ça proprement scandaleux», a ensuite déclaré la secrétaire d'Etat ce mercredi, sur RTL. «En disant ça, on légitime les féminicides, on légitime le fait que tous les trois jours, il y a une femme qui soit tuée sous les coups de son conjoint» et «je trouve que c'est extrêmement dangereux de relayer cela», a-t-elle ajouté, mettant en garde les médias face à leur «responsabilité dans la manière dont ils présentent les féminicides et les violences conjugales».
«C'est un assassinat»
«Ça n'est pas passionnel, ce n'est pas une dispute, ce n'est pas un drame passionnel, c'est un assassinat (...) il faut arrêter de minimiser les violences conjugales, arrêter de trouver des excuses. Il n'y a rien, rien, qui justifie que l'on frappe sa femme ou sa compagne», a encore dit Mme Schiappa.
La sénatrice PS Laurence Rossignol a elle aussi réagi aux propos de l'avocat, en faisant un parallèle avec les affaires de viol.
Dans les affaires de violences faites aux femmes et de viol, il y a toujours un moment où la victime, dominatrice ou aguicheuse, devient la cause du crime qu’elle a subi. https://t.co/q4Typz3ivt
— Laurence Rossignol (@laurossignol) 30 janvier 2018
De leur côté, les internautes n'ont pas manqué aux aussi de dénoncer, à leur manière, les propos de maître Randall Schwerdorffer.
Ce traitement médiatique de l'affaire Alexia Daval est à vomir. On nous présente une narration où le meurtre devient un "accident", le meurtrier, la victime "dépassée" d'une "castatrice" et au final, la (véritable) victime comme responsable, en partie, de sa mort.
— La Légiste (@LaboDeLaLegiste) 30 janvier 2018
"J. Daval est un type formidable qui va être jugé pour 3 sec de sa vie" dit son avocat sur @CNEWS... #nausée. Heureusement @LaurenceFerrari rappelle les chiffres des #féminicide en France : 1 femme victime tous les 3 jours.
— Marie (@MAllbt) 30 janvier 2018
Sidérant la façon dont on minimise la violence envers les femmes.#AlexiaDaval a été assassinée par #JonathannDaval. Ce n'est ni un accident, ni un crime passionnel, c'est un meurtre. Merci d'utiliser un lexique correct.
— Sourya Zinnoury (@SouryaZinnoury) 30 janvier 2018
Scandalisé par les mots de l’avocat . À quel moment peut on dire que c’est un bon garçon qui s’est juste disputé avec sa femme alors qu’il l’a TUÉE ! ÉTRANGLÉE PUIS MISE DANS UN DRAP ET DÉPOSÉE DANS LA FORÊT ! PSYCHOPATE !!#JonathannDaval
— JULIEN (@XquzMyBitch) 30 janvier 2018