Alors que la France, et plus particulièrement l'Ile-de-France, sont touchées par d'importantes crues, beaucoup se demandent comme éviter que de telles catastrophes ne se reproduisent, et si elles sont inévitables, comment faire en sorte de prévenir au maximum ses dégâts ?
Il convient avant tout de revenir sur l'importance de l'intrusion humaine dans ce risque climatique naturel. Des éléments de réponse de l'expert Joël Hoffman, directeur adjoint de Vigicrues, en cinq points :
Eviter les zones inondables
Depuis la crue centennale de 1910, qui avait particulièrement touché la capitale, l'homme s'est encore plus exposé, en adoptant un comportement à risque. C'est en tout cas ce que souligne Joël Hoffman, le directeur adjoint de Vigicrues. «Notre vulnérabilité a eu tendance à augmenter assez sérieusement, en construisant des habitations et des industries dans des zones à risque», explique cet expert en hydrologie. D'ailleurs, aujourd'hui, les sociétés d'assurance cnsidèrent que cette vulnérabilité est un paramètre très important à prendre en compte dans les coûts futurs.
Construire des bassins de rétention
Afin de protéger la population francilienne, notamment celle de Paris, quatre bassins de rétention d'eau ont été construits à la suite de la crue de 1910. «Ces retenues, en amont, permettent de conerver plusieurs millions de m3 d'eau», précise Joël Hoffman. Ces derniers sont d'ailleurs en train de se remplir, à la suite des importantes précipitations tombées depuis le début du mois de janvier. Pour l'expert Vigicrues, leur présence «a permis de réduire l'amplitude de l'onde de crues», et ainsi d'éviter que la Seine – qui dépasse désormais 5,5 mètres – ne déborde trop. Un cinquième bassin serait à l'étude.
Mieux s'informer
Le grand public ne le sait que trop peu mais toute l'année, le niveau des cours d'eau français est étudié à la loupe, par le ministère de la Transition écologique, et son service spécialisé Vigicrues. D'ailleurs, selon les experts, il faut que le grand public – qui a tendance à oublier les éventuelles crues déjà vécues – développe cette sensibilité aux risques. «Ce n'est pas que les phénomènes sont plus fréquents, c'est juste qu'on a une mauvaise mémoire des phénomènes hydrologiques», explique Joël Hoffman, qui assure qu'il est important «d'entretenir cette mémoire». Le ministère de la Transition écologique invite en outre la population à rester informer.
Vigilance #PluieInondation : les 8 bons comportements en une infographie.
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Protéger les habitations
Pour prévenir des dangers d'une éventuelle crue, des solutions peuvent être mises en place pour protéger son habitation, notamment lorsque celle-ci se trouve en zone inondable. «Il faut trouver un juste milieu entre se protéger et ne pas s'exposer», indique Joël Hoffman, soit, selon l'expert, en faisant construire une digue autour de la maison déjà existante, soit en imaginant une maison sur pilotis, si celle-ci n'est pas encore construite. De plus, avec la loi GEMAPI promulguée le 1er janvier 2018, les collectivités communales ont désormais une nouvelle compétence : celle d'aménager et d'entretenir les cours d'eau, canaux, lacs et autres millieux aquatiques.
Diminuer le recours à la bétonnisation
Depuis plusieurs décennies, le recours systématique à la bétonnisation lors des chantiers contribue à la saturation très rapide des sols en cas de crue. En effet, l'eau n'est pas absorbée par des sols terreux, et naturellement «tout va directement dans les égoûts, rejoint les cours d'eau et fait gonfler les niveaux», explique-t-on chez Vigicrues. Pire, en Ile-de-France, certaines zones agricoles, surexploitées, sont devenues aussi imperméables que le béton. Ainsi, une des solutions évoquée serait de créer des zones sans béton, dans les parcs et jardins en centre-ville, mais aussi en amont, en milieu rural.