La ceinture explosive abandonnée par Salah Abdeslam à Montrouge le soir du 13 novembre 2015, n'aurait pas fonctionné s'il avait tenté de l'actionner, estiment les experts.
C'est l'information exclusive qu'a révélé France Inter, mercredi, après avoir pris connaissance des résultats de l'expertise complémentaire demandée par les juges d’instruction sur le matériel explosif.
Le dispositif, retrouvé le 23 novembre dans une poubelle de Montrouge (Hauts-de-Seine) était composé de deux plaques à poser respectivement sur l'abdomen et sur le dos, remplis d'explosif «de type TATP et dotées d'un système de mise à feu.» Les deux élément étaient reliés par deux câbles électriques. En revanche, l'équipement a été retrouvé sans pile et sans interrupteur.
Un gilet explosif «pas fonctionnel»
Selon le rapport du laboratoire central de la préfecture de police de Paris, rédigé le 11 décembre 2017, le gilet explosif n'était «pas fonctionnel», même avec la pile et l'interrupteur. D'après la radio, l'expertise menée par la police démontre qu'il avait deux défauts techniques : «un câble abîmé à l’avant, et une perle d’allumage défectueuse à l’arrière».
Par ailleurs, le câble placé à l’avant du dispositif avait une coupure, potentiellement apparue lors de la conception, mais «qui n’a pas pu être causée par un arrachage manuel ni par l’intervention des démineurs», indique France Inter.
Ces éléments viennent accréditer la thèse d'un défaut technique qui aurait empêché le 10ème homme du commando de se faire exploser alors même qu'il était décidé à le faire. Mais rien ne peut certifier à 100% que Salah Abdeslam a bien tenté d'appuyer sur le poussoir.
L'hypothèse du renoncement écartée
Une version qui contredit l'hypothèse du renoncement de dernière minute parfois prêté au jeune Belge et qui va dans le sens des témoignages recueillis. Après son arrestation, le 15 mars 2016, plusieurs de ses proches avaient affirmé que Salah Abdeslam leur avait dit avoir souhaité se faire exploser à Paris, en 2015.
Mis en examen et incarcéré à Fleury-Mérogis depuis le 27 avril 2016, le suspect refuse toujours de répondre aux questions des enquêteurs. Malgré cela, les avancées de l'enquête laissent entrevoir le rôle, plus important que celui de simple exécutant, qu'aurait endossé le Bruxellois. Il aurait été chargé de la logistique des attaques de Paris et de Saint-Denis, notamment.