Cinq épreuves finales dont un grand oral et la fin des séries L, ES et S : un rapport prônant une transformation profonde du bac a été remis au ministre de l'Education, qui veut présenter son projet de réforme le 14 février.
Réalisé après une centaine d'auditions, ce rapport de 63 pages écrit par l'ancien directeur de Sciences Po-Lille Pierre Mathiot ambitionne de changer profondément cet examen bicentenaire pour mieux préparer les lycéens à l'enseignement supérieur. Reste à savoir ce qu'en retiendra le ministre Jean-Michel Blanquer. «Rien n'est acté», a-t-il assuré mercredi.
Il a indiqué qu'il présenterait son projet en conseil des ministres le 14 février, après avoir rencontré syndicats et autres organisations de représentants du monde éducatif. Si elle est menée à terme, la réforme concernera les élèves qui sont aujourd'hui en classe de Troisième, avec une mise en oeuvre progressive en Seconde l'an prochain, puis en Première et Terminale en 2019 et 2020.
Jusqu'ici, les tentatives de réforme du bac ont toutes échoué, malgré les critiques dont cet examen emblématique est régulièrement la cible. Conscient des difficultés à venir, notamment avec les syndicats enseignants, M. Mathiot souligne dans son document que «le changement ne se décrète pas». «Il se réalisera progressivement et uniquement si les acteurs du système éducatif en acceptent les termes et le trouvent globalement légitime», écrit cet agrégé en science politique, classé à gauche.
Parmi les principales nouveautés figure le maintien de seulement cinq épreuves finales pour un bac «resserré», contre 10 à 15 actuellement selon les filières : le français en Première (l'écrit et l'oral) et quatre épreuves en Terminale, dont un grand oral, qui compteraient au total pour 60% de la note finale. Grande nouveauté de ce rapport, ce grand oral comptant pour 15% de la note finale sanctionnerait la fin du bac. «L'idée d'oral en fin de parcours est très intéressante, parce qu'elle insiste sur une compétence que tout le monde doit avoir», a estimé Jean-Michel Blanquer mercredi.
Le nouveau bac prendrait aussi en compte, pour les 40% restants, les résultats obtenus par les élèves en classes de Première et Terminale, lors d'épreuves ponctuelles et/ou sur les bulletins de classe. Il s'agirait ainsi de combiner «le sprint» des épreuves écrites finales «avec le marathon» des évaluations sur les deux années.
Trois quarts environ des résultats obtenus par les élèves pourraient ainsi être désormais intégrés à la nouvelle plateforme d'admission post-bac, Parcoursup, et mis à disposition des établissements du supérieur.
Disparition des séries L, ES et S
Réformer le bac conduit à également repenser l'organisation du lycée. Pierre Mathiot propose la disparition des séries L (littéraire), ES (économique et social) et S (scientifique) du bac général, qui seraient remplacées par un tronc commun et des enseignements de spécialisation. Les élèves choisiraient dès la Première deux disciplines «majeures» et deux disciplines «mineures». S'ajouteraient des enseignements optionnels.
Le principal syndicat des chefs d'établissement, le SNPDEN, appelle à «la modération» sur les changements à apporter à l'organisation du lycée. «Des polémiques autour de modifications organisationnelles ou des grilles horaires n'alimenteraient aucun progrès», prévient-il. Il qualifie toutefois le rapport de «bonne base de travail pour faire évoluer le baccalauréat», et notamment pour qu'«il retrouve un sens (...) comme articulation entre l'enseignement secondaire et le supérieur». Plus de 90% des bacheliers généraux et technologiques choisissent d'entamer des études supérieures.
Cette réforme, promise par Emmanuel Macron lors de sa campagne, interviendra quasiment en parallèle de la réforme sur l'entrée à l'université, portée par la ministre Frédérique Vidal et qui sera appliquée pour la rentrée 2018. Le rapport Mathiot propose d'ailleurs aussi que du «temps scolaire» soit «dédié à la préparation des élèves à la poursuite d'études dans l'enseignement supérieur».