Le ministre des Finances Bruno Le Maire a prévenu mardi que «l'Etat sera très vigilant sur l'accompagnement de chaque salarié concerné par le plan annoncé par Carrefour».
«J'ai eu l'occasion de rencontrer le président de Carrefour, Alexandre Bompard, et je lui ai dit très clairement que l'Etat sera très vigilant», a-t-il dit à des journalistes en marge d'une réunion des ministres des Finances de l'UE à Bruxelles.
Le ministre français a par ailleurs loué «les investissements massifs dans le numérique» prévu par le plan. «Je crois que c'est une bonne décision car le secteur de la grande distribution est confronté à des bouleversements technologiques majeurs et la seule solution c'est d'anticiper ces bouleversements en investissant dans la digitalisation du secteur de la grande distribution», a-t-il déclaré.
De son côté, le PDG de Carrefour Alexandre Bompard a annoncé mardi que le groupe n'avait «aucun projet» de fermeture d'hypermarchés en France, lors de la présentation de son plan. Le PDG a également annoncé que Carrefour compte mettre en oeuvre un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) pour les 2.100 salariés des 273 ex-magasins Dia dont le groupe va se séparer, a déclaré mardi le PDG Alexandre Bompard. L'«ambition» du groupe est de pouvoir faire des «offres attractives de reclassement» à la moitié de ces 2.100 salariés et de trouver des repreneurs pour ces magasins, a ajouté Bompard.
2.400 postes supprimés
Dans le cadre de son plan de relance annoncé mardi, qui vise à accélérer dans le bio, le commerce en ligne et de proximité, Carrefour va supprimer 2.400 postes dans son siège, qui en compte actuellement 10.500, via un plan de départs volontaires.
Le groupe, employant 115.000 salariés en France, a également annoncé une réduction des coûts de deux milliards d'euros dès 2020 en année pleine, notamment via des économies sur la logistique et les coûts de structure. Un projet de réduction de 273 magasins anciennement Dia, mais passés sous sa propre enseigne, est également prévu.
Un processus de recherche de repreneurs sera lancé pour ces magasins, qui seront fermés si le processus n'aboutit pas, rapporte l'AFP. Carrefour favorisera «systématiquement» une offre de reclassement, précise le groupe dans un communiqué. Le siège de Boulogne va être fermé en Ile-de-France et le projet d'un nouveau siège de 30.000 m2 en Essonne est abandonné.
Se renforcer dans le numérique
Dans son nouveau plan de transformation, Carrefour s'est fixé un objectif de 5 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans le commerce en ligne alimentaire et une part de marché supérieure à 20% en France d'ici à 2022, précise-t-il dans son communiqué. Pour avoir une plus grande force dans le numérique, il prévoit d'investir 2,8 milliard d'euros sur 5 ans, «soit six fois plus que les investissements actuellement consentis».
En 2018, Carrefour.fr, un site unique en France sera lancé puis élargi dans d'autres pays. Il lancera en 2018 un site unique en France.
Se positionner sur le bio
Carrefour aimerait également presque quadrupler son chiffre d'affaires dans le bio à 5 milliards d'euros en 2022, et ouvrir au moins 2.000 magasins de proximité dans les cinq prochaines années. Il annonce «un soutien financier et durable à la conversion au bio d'agriculteurs», avec un partenariat avec l'organisation mondiale de protection de l'environnement WWF.
Une coopération stratégique en Chine
L'AFP révèle que par ailleurs, le géant de l'internet chinois Tencent et la chaîne de supermarchés chinoise Yonghui s'apprêtent à entrer au capital de la filiale de Carrefour en Chine, selon un accord préliminaire signé entre les trois partenaires. Carrefour annonce qu'il restera le premier actionnaire de sa filiale en Chine.
Parallèlement à ce projet d'investissement, Carrefour et Tencent annoncent la signature d'un «protocole d'accord de coopération stratégique en Chine», l'objectif étant de mettre en commun l'expertise de Carrefour dans la distribution avec le savoir-faire technologique de Tencent, géant des réseaux sociaux en Chine.