Le premier groupe français de grande distribution, E.Leclerc, a reconnu mardi avoir vendu des reliquats de produits Lactalis concernés par le rappel du 21 décembre dans certains de ses magasins.
Malgré l'application de cette mesure de rappel consécutive à la découverte d'une contamination aux salmonelles, «il apparaît que 984 produits ont malgré tout été vendus après le rappel dans plusieurs magasins», indique dans un communiqué le distributeur, sans localiser les points de vente concernés, rapporte l'AFP.
E.Leclerc explique avoir constaté le problème après avoir procédé à «un audit interne de vérification de la bonne application des mesures de retrait des produits de l'entreprise Lactalis» à la suite d'un problème identifié dans le magasin E.Leclerc de Seclin (Nord).
Les centres E.Leclerc procèdent à «un audit des procédures afin d'identifier précisément les raisons de ce dysfonctionnement et de mettre en place les mesures correctives nécessaires», ajoute le groupe qui dit avoir informé «l'administration compétente».
Le distributeur affirme avoir identifié les consommateurs ayant acheté les produits et "les directions des magasins les contactent actuellement individuellement". Un numéro vert 01.71.53.51.20 a été ouvert.
L'usine Lactalis à l'arrêt
Contredisant des informations du Canard Enchaîné paru mercredi 3 janvier, selon lesquelles l'usine aurait stoppé sa production de laits infantiles mais continuerait à fabriquer notamment des céréales, une porte-parole de Lactalis avait indiqué à l'AFP : «Tout ce qui est fabriqué dans l'usine de Craon est arrêté depuis le 8 décembre».
Contrairement à ce qu'avance le président d'une association de victimes cité dans le journal, la direction de Lactalis affirme que des produits à base de céréales sont toujours fabriqués par le groupe mais dans d'autres usines que celle de Craon.
Aucune anomalie détectée
L'hebdomadaire met en cause le rôle des autorités publiques dans le déroulement de cette affaire, alors qu'une enquête judiciaire a été ouverte fin décembre par le parquet de Paris, pour «blessures involontaires» et «mise en danger de la vie d'autrui». En septembre, une inspection sanitaire de routine sur le site de Craon, menée par la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP), une instance de contrôle rattachée au ministère de l'Agriculture n'avait détecté aucune anomalie, affirme le Canard Enchaîné.
«Comment les contrôles du ministère de l'Agriculture pouvaient-ils conclure à une telle aberration alors que quelques semaines après, il est admis que des salmonelles seraient dispersées dans toute l'usine?», s'est interrogé Quentin Guillemain, président de l'Association des familles victimes du lait contaminé aux salmonelles, dans un communiqué.
L'hebdomadaire rappelle également que deux contrôles internes avaient mis en évidence la présence de salmonelles dans l'usine de Craon en août et novembre. Le groupe l'avait indiqué à l'AFP le 10 décembre. Des traces ont été trouvées «sur du petit matériel de nettoyage et sur les carrelages», et pas dans l'appareil de production, avait alors précisé Lactalis.