«3, 2, 1... 2018 !» Plusieurs centaines de milliers de personnes se sont réunies dimanche sur les Champs-Élysées à Paris, bravant des rafales de vent pour «enterrer 2017» et célébrer la nouvelle année, sous haute sécurité policière.
Après le compte à rebours, l'arc de Triomphe s'est embrasé du traditionnel feu d'artifice sous des vents hérités de la tempête Carmen qui balayait également dans la nuit l'ouest du pays.
Plusieurs dizaines de milliers de spectateurs, dont des touristes du monde entier, avaient auparavant assisté émerveillés à un spectacle son et lumière projeté sur le célèbre Arc.
Pour certains, c'était un rendez-vous prévu de longue date. «Un incontournable !», sourit Joan Garner, touriste américaine de 45 ans, qui avait prévu «spécialement pour cette date» une halte parisienne au milieu d'un voyage à travers l'Europe avec son mari.
Avant de capter le spectacle avec leurs téléphones, badauds et touristes avaient commencé à envahir dès 19H00 les 1.910 mètres de la «plus belle avenue du monde», offerte aux piétons pour la nuit.
Sourires en famille, baisers en couple, selfies... On se pressait pour immortaliser l'instant dans la perspective scintillante des illuminations.
L'an dernier, 300.000 personnes s'étaient réunies pour célébrer le passage à 2017.
«Profiter de la vie»
Aux abords et sur les Champs, touristes et habitants de région parisienne côtoyaient policiers, gendarmes et militaires, déployés en nombre dans un contexte de «menace terroriste toujours élevée», selon les autorités.
Pas moins de 1.800 d'entre eux assuraient la sécurité d'une «zone de protection», ceinte par plusieurs kilomètres de barrières, créée autour de la célèbre avenue.
Sur l'ensemble du territoire, 140.000 forces de l'ordre et de secours ont été déployées pour la dernière nuit de l'année.
Les visiteurs faisaient l'objet de palpations et de fouilles de sacs à divers points de filtrage pour pouvoir entrer dans le périmètre des festivités.
«Les gens acceptent ça», a assuré le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, venu visiter en début de soirée, le dispositif de sécurité avant de rendre un hommage aux forces de sécurité.
«Si on peut jouir d'une soirée comme celle-ci, c'est parce qu'elles sont totalement mobilisées», a-t-il déclaré. «C'est bien que dans un pays comme le nôtre on puisse continuer à faire la fête. Même si des gens à travers le monde ne veulent plus de fête, nous voulons continuer à avoir cette liberté de profiter de la vie», a complété le ministre.
Plus de deux ans après le début de la sanglante vague d'attentats jihadistes qui a fait 241 morts, les Champs-Elysées ont été le théâtre d'une des deux attaques meurtrières revendiquées par Daesh commises en 2017 sur le sol français.
Le 20 avril, à trois jours du premier tour de la présidentielle, un Français de 39 ans au lourd passé judiciaire y avait tué un policier à la Kalachnikov et blessé deux autres avant d'être abattu.
Deux mois plus tard, le 19 juin, un Français de 31 ans fiché S (Sûreté de l'Etat) pour son appartenance à la «mouvance islamiste radicale» et ayant fait allégeance à l'EI, avait percuté un fourgon de gendarmerie mobile avec une voiture contenant deux bouteilles de gaz, d'armes et plusieurs milliers de munitions, sans toutefois faire de victime.
Le déploiement des forces de l'ordre a réveillé un sentiment de peur chez certains. «Il se passe quelque chose ?», interrogeait une Japonaise, un soupçon de crainte dans la voix, en voyant peu avant 19H00 une file de véhicules de gendarmerie remonter l'avenue, avec sirènes et gyrophares, pour prendre sa position.
Comme beaucoup d'autres, Stéphane, trentenaire de la banlieue parisienne, disait être venu «sans crainte». Les attentats, «c'est loin», affirme-t-il: «La vie avance. Et eux (les jihadistes), ils reculent».