Sept mois après l'élection d'Emmanuel Macron, le patron du MoDem François Bayrou n'a pas tari pas d'éloges sur le nouveau pouvoir, dimanche, appelant le parti centriste à s'organiser avec La République en marche au sein d'une «maison commune».
«J'ai l'impression que quelque chose a changé», s'est réjoui le leader centriste, en citant Barbara - la chanson originale célébrait l'accession au pouvoir de François Mitterrand en 1981.
En clôture du congrès du MoDem, qui s'est déroulé tout le week-end dans un hôtel parisien, celui qui a été à trois reprises candidat, en vain, à la présidentielle, s'est montré laudatif à l'égard du gouvernement, et surtout du président de la République, «l'un des leaders les plus entraînants dans le monde aujourd'hui».
Avec «sa liberté d'esprit» et «l'originalité d'approche, de pensée, d'audace», il a su «faire naître un monde nouveau», a-t-il estimé.
Samedi, après l'annonce de la réélection de M. Bayrou à la présidence du mouvement avec plus de 93% des suffrages (il était seul candidat), le congrès du parti centriste avait vu défiler le Premier ministre et cinq membres de son gouvernement, dont le patron de LREM, Christophe Castaner.
Tous ont loué «la loyauté» et «la fidélité» du MoDem dans la majorité. Dimanche, le commissaire européen français Pierre Moscovici a salué pour sa part la «cohérence (politique) de François Bayrou».
Au-delà des échanges d'amabilités, le parti de François Bayrou, fort de 47 députés, cherche à gagner en puissance au sein d'une majorité largement préemptée par la machine LREM.
«Gouffre d'inégalités»
Sur la forme, si François Bayrou se réjouit du «surgissement d'une force nouvelle, puissante, originale», il la juge «pas encore tout à fait organisée» et préconise «que tout le monde y travaille pour que la démocratie se renouvelle de l'intérieur».
Sur le fond, s'il affirme que «les choix du gouvernement méritent d'être soutenus», il conseille de «ne pas seulement adapter la France aux réalités économiques du monde», mais d'offrir «le projet de société que doit porter la France dans le monde».
L'éphémère garde des Sceaux, qui avait dû quitter le gouvernement en juin un mois et deux jours après sa prise de fonction sur fond de soupçons d'emplois fictifs, a notamment dénoncé l'accroissement des inégalités et la concentration des richesses chez une minorité, dimanche, lors de son discours de clôture.
«Le monde qui court vers un gouffre d'inégalités, il gagnera à savoir qu'il y au moins un grand pays dans le monde dont le but est un projet de justice, c'est ainsi que la France sera elle-même», a insisté le leader centriste, décidé à incarner la branche sociale de la majorité, et de se distinguer de LREM, régulièrement présenté comme le parti des privilégiés urbains et actifs par ses adversaires politiques.
«Dans l’inconscient du peuple français, dans la mémoire immémoriale, il y a ce besoin de porter un projet qui ne ressemble à aucun autre" et de "refuser un projet de soumission aux pays les plus puissants, les plus forts», a-t-il encore développé, sous des applaudissements nourris.
«la maison commune»
Parmi quelques propositions, M. Bayrou a proposé «une politique de lutte contre les monopoles, même s'ils sont dans des domaines de technologies nouvelles dont il apparaît qu'il est difficile de les contrôler», référence aux géants de l'Internet comme Google et Facebook. Il a en appelé à l'échelon européen.
L'exemple lui a permis de rappeler l'européisme viscéral du MoDem, qu'il estime partager avec LREM. Une liste commune des deux partis aux Européennes en 2019 pourrait, dès lors, devenir la première expérience de «la maison commune».
Dimanche, sur France 3, Christophe Castaner a réitéré son ambition d'une initiative transpartisane: «Ma volonté, c'est de faire une liste élargie qui s'appuie sur un socle La République en marche - le MoDem et qui soit composée de femmes et d'hommes européens», a-t-il déclaré, en citant notamment Alain Juppé ou Daniel Cohn-Bendit.