L'enquête préliminaire ouverte après une plainte de François Fillon contre Le Canard enchaîné, pour un article sur les emplois de son épouse, a été classée sans suite fin novembre, a-t-on appris mardi de source judiciaire, confirmant l'annonce de l'hebdomadaire satirique.
Le candidat de la droite à la présidentielle avait déposé en avril une plainte pour propagation de «fausses nouvelles» ayant eu pour effet de «détourner» des suffrages. Elle visait un article du Canard enchaîné du 12 avril qui publiait, à une dizaine de jours du premier tour, de nouvelles révélations sur le travail de Penelope Fillon.
L'enquête, ouverte en mai, a finalement été classée sans suite fin novembre par le parquet de Paris. La «diffusion de fausse nouvelle n'apparaît pas constituée» aux yeux des enquêteurs, a indiqué cette source. Selon Le Canard enchaîné, les investigations auraient même confirmé les informations publiées par l'hebdomadaire le 12 avril.
Deux journalistes auditionnés
Dans cet article, intitulé «l'enquête sur Penelope s'approche de son berceau...», le journal affirmait avoir «la preuve» que Penelope Fillon avait été rémunérée pendant quinze mois à partir d'avril 1980 comme «collaboratrice au sein d'un ministère parisien», ce qu'avait démenti le camp du candidat.
«A l'issue des investigations menées, il est apparu que Mme Fillon a exercé une activité rémunérée par la direction régionale des finances publiques de Paris entre le 1er janvier 1980 et le 31 juillet 1981», a conclu le parquet dans son courrier aux avocats, cité par Le Canard enchaîné.
Deux journalistes de l'hebdomadaire ont été auditionnés par les enquêteurs de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).
Le Canard enchaîné avait déclenché fin janvier l'affaire Fillon en révélant que l'épouse du candidat du parti Les Républicains avait été rémunérée pendant plusieurs années comme attachée parlementaire de son mari ou de son suppléant, Marc Joulaud. François Fillon a par la suite confirmé l'existence de cet emploi pour la période s'étalant de 1986 à 2013.
Mais la justice s'interroge sur la réalité de ce travail parlementaire, alors que Penelope Fillon était sans activité professionnelle connue. François Fillon a été mis en examen le 14 mars, notamment pour «détournement de fonds publics», et son épouse le 28 mars, notamment pour «complicité et recel de détournement de fonds publics».