L'Espagnol Rafael Nadal, numéro 1 mondial, a fait part de son "grand respect et de sa confiance à l'égard de la justice française" après la condamnation pour diffamation à son encontre de l'ex-ministre de la Santé et des Sports Roselyne Bachelot.
«Quand j'ai déposé plainte, il ne s'agissait pas seulement de défendre mon image et mon intégrité de sportif mais aussi ce que j'ai soutenu tout le long de ma carrière», a expliqué Rafael Nadal dans un communiqué diffusé jeudi soir.
L'ancienne ministre de la Santé et des Sports Roselyne Bachelot a été condamnée jeudi à Paris à 500 euros d'amende avec sursis pour avoir accusé le tennisman espagnol Rafael Nadal de dopage, dans une émission télévisée l'an dernier. Le tribunal correctionnel, qui a jugé Mme Bachelot coupable de diffamation, l'a en outre condamnée à verser 10.000 euros de dommages et intérêts au numéro 1 mondial de tennis -il en demandait 100.000-, en réparation de son «préjudice moral évident», «une telle allégation étant une des plus graves qui puisse être portée à l'encontre d'un sportif professionnel». Roselyne Bachelot devra en outre verser au joueur 2.000 euros au titre des frais de justice.
La vedette espagnole voulait également «éviter que de futurs comportements tels que des accusations sans fondements ni preuve à l'encontre de sportifs restent à l'avenir impunis». «Ma motivation n'a jamais été pécuniaire», a souligné le joueur qui avait réclamé 100.000 euros pour le préjudice subi. Les dommages et intérêts «seront intégralement versés à des oeuvres sociales en France», a-t-il ajouté.
Selon l'avocat de Mme Bachelot, Me Olivier Chappuis, l'ancienne ministre, qui «ne regrette absolument pas ses propos», «constate avec satisfaction que les juges ont estimé disproportionnées les demandes de Rafael Nadal», ajoutant qu'elle «ne fera pas appel». L'avocat du joueur, Me Patrick Maisonneuve, s'est quant à lui déclaré «tout à fait satisfait du principe de la condamnation de Mme Bachelot».
Ces accusations «commencent à me fatiguer»
En mars 2016, interrogée sur la chaîne D8 au sujet de l'affaire du contrôle positif de l'ancienne numéro 1 mondiale russe Maria Sharapova, Roselyne Bachelot, reconvertie chroniqueuse, avait accusé Nadal, longuement absent en 2012, d'avoir feint une blessure pour dissimuler un contrôle antidopage positif. «On sait à peu près que la fameuse blessure de Rafael Nadal, qui a entraîné sept mois d'arrêt de compétition, est très certainement due à un contrôle positif», avait notamment lancé l'ex-ministre de la Santé et des Sports (2007-2010).
Ces accusations «commencent à me fatiguer», avait déclaré Nadal à l'époque. L'Espagnol, qui a remporté dix fois Roland-Garros, avait attaqué l'ex-ministre en diffamation et demandé dans la foulée à la Fédération internationale de tennis de publier ses contrôles antidopage. Celle-ci avait répondu qu'il pouvait les publier lui-même, tout en répétant qu'il n'avait jamais été contrôlé positif.
Des propos aux conséquences lourdes
Ni le joueur, ni l'ancienne ministre n'étaient présents au procès, le 13 octobre. La parole de Mme Bachelot «pèse énormément du fait de ses anciennes fonctions», avait plaidé l'avocat du joueur, estimant que ces propos auraient pu avoir «des conséquences importantes» notamment s'agissant des «sponsors» de Rafael Nadal. L'avocat avait communiqué au tribunal le dossier médical de Nadal, qui souhaitait «tordre le cou une fois pour toutes à ce que dit Mme Bachelot». Il fait état selon lui d'un problème très sérieux au tendon du genou gauche.
En face, la défense de Roselyne Bachelot s'était employée à faire le procès de la Fédération internationale, expliquant longuement que son programme antidopage «a toujours été d'un laxisme ahurissant» sur fond de «culture de dissimulation des contrôles positifs». «Il y a un fossé énorme entre les succès qu'il collectionne et la faiblesse des contrôles antidopage pratiqués», avait-il estimé.