Depuis son élection, au soir du 7 mai dernier, le chef de l’Etat a ouvert de nombreux chantiers, en prenant le risque de devenir impopulaire.
L’heure des premiers comptes. Il y a six mois, Emmanuel Macron battait sans difficulté Marine Le Pen au second tour de la présidentielle et accédait à l’Elysée. Un jour historique à plus d’un titre. Car à seulement 39 ans, il devenait le plus jeune président de l’Histoire, promettant une «révolution».
Depuis, profitant du succès de LREM aux législatives et d’un contexte favorable – opposition inaudible, syndicats désunis et une prévision de croissance en hausse –, le chef de l’Etat s’applique à mettre en place son programme.
Des réformes à grande vitesse
Depuis juin, les annonces se multiplient. «Sur tout, je fais ce que j’ai dit […] Et je continuerai au même rythme, et avec la même détermination», avait-il asséné lors de sa première interview télévisée. Sur le front de l’emploi, les ordonnances sur le Code du travail devraient porter leurs fruits «dans un an et demi, deux ans», selon l’exécutif. En matière sécuritaire, une nouvelle législation anti-terroriste est venue remplacer l’état d’urgence. En réaction à l’affaire Fillon, une loi sur la moralisation de la vie politique a aussi été instaurée. Quant à la révision de l’ISF, si elle a bien été votée, elle a occasionné des débats houleux.
D’autres chantiers emblématiques sont également au menu, comme faire passer le paquet de cigarettes à dix euros, supprimer la taxe d’habitation ou encore abaisser l’impôt sur les sociétés. Autant de promesses de campagne qui restent à tenir. Et sans faute. Car, à l’inverse du mandat «normal» de François Hollande, son successeur, parfois qualifié de «jupitérien», veut incarner une fonction présidentielle sans promesses en l’air et moins «bavarde», selon ses termes. Et si plusieurs polémiques (l’affaire Ferrand, la baisse des APL…) ont fait le lit de l’opposition, elles ont eu le mérite de dévoiler la personnalité de Macron. Un président qui, selon son entourage, «parle vrai» et n’hésite pas à «aller au contact». Quitte à commettre des écarts de langage, comme ses propos sur les «fainéants».
Une popularité à relancer
Reste que seul un Français sur trois (35 %) se dit satisfait de l’action menée jusqu’ici, selon un dernier sondage Harris Interactive. «A cause d’une communication trop verticale, il n’a pas réussi à se rendre populaire», souligne le communicant Philippe Moreau Chevrolet. Macron devra également tenter de casser son image de «président des riches» que lui ont collé ses opposants.
Une solution serait de «donner des gages à la gauche», selon Moreau Chevrolet, par exemple en accélérant la lutte contre les perturbateurs endocriniens, l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, la fermeture de la centrale de Fessenheim, ou encore l’instauration d’une dose de proportionnelle à l’Assemblée. Si le leader des insoumis, Jean-Luc Mélenchon, a admis à contrecœur que «pour l’instant, c’est Macron qui a le point», une seconde manche n’est donc pas à exclure.