Henda Ayari, la première femme à avoir porté plainte contre Tariq Ramadan pour viol, assure que pour l'islamologue «soit vous êtes voilée, soit vous êtes violée», dans un entretien publié par le Parisien.
Tariq Ramadan, théologien suisse, est visé par une enquête française pour «viol, agression sexuelle, violences et menaces de mort», et fait l'objet de plaintes de deux femmes, dont Henda Ayari.
La jeune femme, une ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque, avait raconté sa rencontre avec Tariq Ramadan dans un livre mais sans le nommer, lui attribuant le surnom de «Zoubeyr».
«C'est la campagne #BalanceTonPorc qui m'a poussée à dévoiler son nom», explique Henda Ayari dans un entretien accordé au journal Le Parisien, où elle raconte qu'elle était «sous l'emprise mentale» du théologien et que celui-ci l'avait «menacée de représailles» ou encore de «s'en prendre à ses enfants».
«Tariq Ramadan utilise l'islam pour assouvir ses pulsions sexuelles»
Attaquée sur les réseaux sociaux par les partisans de l'intellectuel islamiste, qui lui reprochent d’être manipulée mais aussi de s'attaquer à l'islam, la jeune femme se dit «fière» d'être «une musulmane qui respecte les lois de la République» et refuse de se «taire parce que Tariq Ramadan utilise l'islam pour assouvir ses pulsions sexuelles».
L'avocat de l’islamologue a annoncé avoir porté plainte lundi dernier pour «dénonciation calomnieuse» et Tariq Ramadan lui-même a affirmé qu'une «nouvelle plainte sera déposée dans les prochains jours».
Selon le quotidien Libération qui consacre un article à l'affaire «d'autres témoignages (mais qui n'avaient pas filtré) étaient parvenus, selon les intéressés, à l'essayiste Caroline Fourest et au journaliste Ian Hamel, basé en Suisse, auteurs l'un et l'autre de livres d'enquête sur le théologien. Ils faisaient état de comportements violents de la part de Ramadan».
Caroline Fourest s’est d’ailleurs fendue d’un article, publié sur son blog, dans lequel elle confirme avoir été alertée par des victimes dès 2009.
Pour sa part, le théologien suisse a dénoncé samedi sur sa page Facebook une «campagne de calomnie» enclenchée par ses «ennemis de toujours», sans être plus précis.
Tariq Ramadan, 55 ans, petit-fils du fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans, bénéficie d'une forte popularité dans les milieux musulmans conservateurs. Il est aussi très contesté, notamment dans les sphères laïques, qui voient en lui le tenant d'un islam politique.