Le décès d'un jeune Français sur la route du Tour de Nouvelle-Calédonie vendredi, dans un choc avec une ambulance, s'ajoute à une longue liste de graves accidents qui ont émaillé la saison cycliste, au point qu'équipes et organisateurs multiplient les cris d'alarme.
Vendredi, dans la descente du col de la Pirogue à Praïta, Mathieu Riebel, engagé par l'équipe Shell Pacific pour cette épreuve, a percuté «une ambulance qui venait en sens inverse», alors qu'il évoluait «à environ 80 km/h», d'après les premiers éléments.
Riebel, âgé de 20 ans et membre de l'équipe amateur VCA Bourget, est mort sur le coup dans le choc, tandis que son coéquipier, Erwann Brenterch, qui le suivait alors qu'ils tentaient de rentrer dans le peloton, a également chuté et s'est fracturé une jambe.
«Le Tour est fini. Demain, le peloton fera un tour du Mont-Dore (périphérie de Nouméa) sans course pour rendre hommage à Mathieu Riebel, qui était si content d'être ici», a déclaré à l'AFP, Gérard Salaün, président du Comité régional de cyclisme de Nouvelle-Calédonie.
«STOP !»
«Un drame de trop impliquant l'un des nôtres STOP !!!!», a tweeté vendredi l'ancien coureur cycliste Jérôme Pineau, et désormais manager général de l'équipe professionnelle Vital Concept, qui débutera en 2018.
Un appel qui fait écho à celui du directeur du Tour de France, Christian Prudhomme, mardi lors de la présentation du parcours 2018 de la Grande Boucle.
Devant 4.000 personnes réunies au Palais des congrès à Paris, il avait commencé son discours par un mot en cinq lettres: «ASSEZ», pour sensibiliser à la sécurité des cyclistes.
«Trop de cyclistes sont encore morts sur les routes ces derniers mois», a insisté le directeur du Tour en évoquant les décès de Michele Scarponi (37 ans) et Romain Guyot (23 ans).
Car le tragique décès de Riebel intervient dans une série noire pour le cyclisme et les courses ces deux dernières années. Le 22 avril sur les routes du centre de l'Italie, Michele Scarponi, vainqueur du Tour d'Italie 2011, était décédé après avoir été renversé par un van à un carrefour.
Quelques jours plus tard, en compétition cette fois-ci, l'Américain Chad Young (21 ans) avait été pris dans une chute collective durant le Tour de Gila au Nouveau-Mexique (sud-ouest des Etats-Unis). Blessé à la tête, il était décédé cinq jours plus tard.
En mai, c'est le Britannique Christopher Froome qui avait été percuté par un automobiliste à l'entraînement. Froome, qui remportera quelques semaines plus tard un quatrième Tour de France, s'en était heureusement sorti indemne.
En 2016, lors de Gand-Wewelgem, le Belge Antoine Demoitié (25 ans) avait chuté puis avait été percuté par une moto alors qu'il se trouvait au sol. Admis à l'hôpital, il était décédé un peu plus tard.
En janvier 2016, six coureurs de l'équipe Giant, dont le Français Warren Barguil et l'Allemand John Degenkolb, avait été fauchés par un véhicule, lors d'une sortie à l'entraînement dans le sud de l'Espagne.
Réapprendre à vivre ensemble
«Si l'on se réfère à la circulation sur la voie publique des cyclistes, il y a certes des automobilistes qui ne sont pas très respectueux, mais il y a aussi des efforts à faire de la part des coureurs. C'est un tout. Il faut réapprendre à vivre ensemble», a estimé auprès de l'AFP Marc Madiot, manager de la FDJ et président de la Ligue nationale de cyclisme.
En course, les équipements technologiques comme les oreillettes ou les capteurs de puissance peuvent détourner l'attention des coureurs, estime Madiot.
«Sur le Tour d'Italie, il y avait une moto arrêtée sur le bas-côté de la route, qui était identifiée, visible très en amont, et il y a quand même des coureurs qui sont allés se mettre dedans. Ca veut dire qu'ils ne regardaient pas devant eux, il faut être objectif aussi», précise-t-il.
«Je pense qu'il y a des améliorations à effectuer sur les véhicules utilisés en course. On a de plus en plus de véhicules surélevés, et je ne pense pas que ce soit une bonne chose», déplore également Madiot.
La réduction du nombre de coureurs au départ pourrait améliorer la sécurité des coureurs. Pour l'édition 2018 du Tour de France, les équipes ne disposeront plus que de huit coureurs contre neuf ces dernières années.