Emmanuel Macron a défendu dimanche, à l'occasion de sa première grande interview télé, son style de présidence, qui a pu susciter des critiques, et son projet de «transformation radicale» de la France.
Critiqué par une partie de son électorat pour de premières réformes jugées trop à droite, le président a assuré sur TF1 et LCI que «la plénitude des réformes» et leurs effets sur le chômage seront visibles «dans un an et demi, deux ans».
Il a défendu les réformes qu'il a initiées depuis son élection en mai. «Mon mandat c'est d'agir avec détermination pour qu'à la fin chaque Française et chaque Français puisse avoir une vie digne. C'est cela mon objectif», a-t-il ajouté. Interrogé sur sa promesse de ramener le chômage à 7% de la population active au cours de son mandat, il a estimé que «le taux de chômage est en train de progressivement baisser».
Emmanuel Macron, qui intervenait depuis son bureau à l'Elysée, a par ailleurs justifié sa décision de n'avoir pas donné d'interview télévisée en cinq mois. «J'ai pris la décision de ne pas avoir une présidence bavarde, de ne pas parler tout le temps parce qu'il faut que la parole présidentielle garde de la solennité», a-t-il annoncé dès le début de l'entretien. Il a indiqué avoir estimé que «le temps» était «venu» de s'exprimer. Depuis son élection, M. Macron a notamment zappé l'entretien traditionnel du 14 juillet, et n'a donné que cinq entretiens aux médias. Or depuis cet été sa popularité a lourdement chuté, passant de 60% d'approbation en juin à 44% en octobre, selon le baromètre Ifop/Fiducial.
Respect des institutions
M. Macron a par ailleurs affirmé respecter l'esprit des institutions de la Ve République dans son mode de gouvernance. «Je tiens beaucoup à l'esprit de nos institutions», a-t-il expliqué. «J'ai fait le choix de nommer un Premier ministre, Édouard Philippe, qui avait une expérience, celle de maire, une vraie légitimité politique dans un parti qui n'était pas celui que j'avais fondé et je lui fais pleine confiance», a poursuivi M. Macron.
M. Philippe prend «les décisions quotidiennes, les arbitrages quotidiens». «Mais à la fin des fins, les décisions stratégiques sont prises par le président de la République. Pourquoi ? Parce qu'il a reçu le mandat des Françaises et des Français», a-t-il ajouté.
M. Macron s'est par ailleurs défendu d'avoir voulu «humilier» ou d'avoir été «clivant» en employant des termes comme «fainéants», «cyniques» ou «bordel» qui ont suscité la polémique. «Nos élites politiques se sont habituées à ne plus dire les choses, à avoir un discours en quelque sorte aseptisé. Et à considérer que ce qui était intolérable, c'était le mot qu'on mettait et pas la réalité», s'est-il justifié. «En l'espèce, le mot "bordel" c'est du registre populaire, comme dit l'Académie française», a plaidé le président.
Le président des riches ?
M. Macron a également tenté de contrer l'accusation de «président des riches», assurant que lui et son gouvernement s'occupaient de «la France où les choses vont mal», sans pour autant croire en la «jalousie envers les riches». Il a énuméré les efforts faits selon lui envers cette France qui va mal : «Il y en a qui ont plus de difficultés de départ, à ceux-là je dis "je veux pour vous une école qui vous donne une juste place"».
«Quand on décide d'aider celles et ceux qui travaillent, aussi modestes soient-ils, par des réformes en profondeur, on s'adresse aux classes moyennes et aux classes populaires», a-t-il poursuivi. «Je ne veux pas que le moindre de mes concitoyens puisse un instant penser que je n'ai pas pour lui un plein respect. J'aime et estime l'ensemble des mes concitoyens» a insisté le président, interrogé par les journalistes David Pujadas, Anne-Claire Coudray et Gilles Bouleau.
Depuis plusieurs semaines, ses détracteurs l'accusent de multiplier les «cadeaux aux riches». Selon un sondage Viavoice de septembre, 53% des Français jugent sa politique économique profitable d'abord aux plus aisés. Même dans la majorité, des voix appellent Emmanuel Macron à renforcer sa «jambe sociale», comme le président du MoDem et ex-ministre François Bayrou.