Près de 26 kg. C’est la quantité de nourriture encore emballée et consommable que jette en moyenne chaque année un habitant de la capitale.
Un chiffre supérieur d’un tiers à celui constaté dans le reste de la France. «Les Parisiens ont davantage l’habitude de manger au restaurant, et ont tendance à oublier les produits qu’ils ont chez eux», explique ainsi Antoinette Guhl, adjointe à l’économie circulaire. «Contrairement à d'autres grandes villes du monde, ils ont aussi moins l'habitude d'emporter la nourriture qui leur reste au restaurant, dans des doggy bags», ajoute l'élue.
«Ce phénomène est une aberration éthique, par rapport aux 16 % des Parisiens qui vivent sous le seuil de pauvreté, mais aussi économique et écologique», assène Antoinette Guhl.
Ainsi, si les Parisiens consommaient mieux, c'est-à-dire s'ils jetaient moins souvent ce qu'ils achètent, ils économiseraient 400 euros par foyer par an. Et sur le plan environnemental, si le «gaspi» était considéré comme un pays, il serait le troisième émetteur de gaz à effet de serre, derrière les Etats-Unis et la Chine.
Face à aux 59.000 tonnes gaspillées annuellement à Paris, et après avoir lancé un plan sur le sujet en 2015, la mairie veut poursuivre son effort ce lundi, pour la Journée nationale de lutte contre le gaspillage. Des agents municipaux seront ainsi présents devant vingt-cinq supermarchés et marchés de la ville, afin de sensibiliser les Parisiens. Ce lundi midi, les 52.000 agents de la ville se verront également présenter un menu «anti-gaspi».
De plus, le chef cuisinier François Pasteau animera ce lundi après-midi un atelier, aux Canaux, la maison des économies solidaires et innovantes située au bassin de la Villette (19e), où il enseignera aux volontaires comment cuisiner sans gâcher, avec notamment des invendus ou des «légumes moches».
Plus largement, la municipalité poursuit ses différentes actions en ce sens, mises en place lors des derniers mois. Les enfants sont sensibilisés au tri et les distributions de repas modifiées – le pain est proposé à la fin de la chaîne plutôt qu'au début, par exemple – dans certaines cantines scolaires (quatre arrondissements déjà concernés). Et une association intervient sur douze marchés de la ville (sur un total de 70) pour distribuer les invendus.
Des dispositifs «qui ont vocation à être généralisés à toute la capitale d'ici la fin du mandat», souligne Antoinette Guhl. Tandis qu'un volet du nouveau plan local de réduction des déchets, qui est prévu pour novembre, sera consacré à la lutte contre le gaspillage alimentaire, selon elle.