Un homme radicalisé de 37 ans et le propriétaire, âgé de 36 ans, de l'appartement où un atelier clandestin d'explosifs a été découvert mercredi à Villejuif (Val-de-Marne), ont été déférés dimanche matin devant le procureur qui a requis leur mise en examen et leur détention, a annoncé le parquet de Paris.
D'après le procureur de Paris François Molins, les deux supects voulaient commettre un attentat. «Leur projet était la confection d'une bombe pour commettre un attentat», a affirmé le magistrat après la confrontation des deux hommes, le propriétaire de l'appartement et l'une de ses connaissances, qui était fichée S.
«Aucun projet n'était établi à ce stade même si l'un d'entre eux a admis qu'ils avaient pensé à s'attaquer à des militaires de l'opération Sentinelle», a poursuivi le procureur lors d'une conférence de presse.
La troisième personne gardée à vue, un homme de 47 ans arrêté en compagnie du propriétaire de l'appartement, a été libéré dimanche matin, a précisé le parquet. Les deux suspects seront présentés dans l'après-midi à un juge antiterroriste en vue de leur mise en examen, notamment pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.
Mercredi, 100 grammes de TATP avaient été découvert fortuitement dans un appartement de cette banlieue au sud de Paris, selon des sources proches du dossier. Le TATP est un explosif artisanal instable souvent utilisé par Daesh lors de ses attentats.
Dans le logement, les enquêteurs avaient notamment mis la main sur 10 litres de produits permettant la fabrication de l'explosif, du matériel destiné à «conditionner un colis piégé» et des produits chimiques, ainsi que sur des feuillets en langue arabe.
Ce laboratoire clandestin avait été découvert après le signalement d'un artisan qui intervenait dans l'immeuble. Le propriétaire, inconnu des services, avait été arrêté quelques heures plus tard au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), non loin du laboratoire, dans un véhicule en compagnie de l'homme relâché dimanche matin, sans poursuites judiciaires.
Un lien indirect avec la Syrie
Au cours de la nuit suivante, un homme de 37 ans «radicalisé et suivi par la DGSI» (Direction générale de la sécurité intérieure), avait été interpellé dans la commune voisine de Vitry-sur-Seine. Il pourrait être en contact avec des jihadistes en Syrie, selon des sources proches du dossier.
Son lien avec l'atelier clandestin n'était pas établi au moment de son interpellation, mais son rapport avec le propriétaire de l'appartement a pu être démontré au cours de leur garde à vue, selon une source proche du dossier.
Jeudi, lors d'une perquisition, les enquêteurs ont encore trouvé quelques litres de produits chimiques pouvant servir à fabriquer du TATP, dans un box loué à Thiais (Val-de-Marne) par le propriétaire du logement de Villejuif, selon une source proche du dossier.
Il y a «un certain nombre de liens et des communications téléphoniques» avec le théâtre syrien, avait affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb sur franceinfo. La France est frappée depuis 2015 par une vague d'attentats jihadistes ayant fait 239 morts.