Officiellement, la campagne n'a pas encore débuté. Mais en coulisses, la succession de Pierre Gattaz, qui quittera la tête du Medef en juillet 2018, commence à agiter les esprits au sein de la principale organisation patronale.
Même si l'attention était surtout tournée vers la très attendue réforme du code du travail, la question de la prochaine campagne pour le poste de patron des patrons planait cette semaine au-dessus de la 19e édition de l'université d'été du Medef, traditionnel raout qui s'est tenu pendant deux jours sur le campus de HEC à Jouy-en-Josas (Yvelines).
Pierre Gattaz doit en effet céder son poste en juillet 2018. Arrivé à la tête du syndicat patronal en 2013, il avait averti qu'il n'y ferait qu'un seul mandat de cinq ans et avait modifié les statuts de l'organisation pour que les présidents qui lui succèderaient ne puissent pas faire de deuxième mandat.
«Il ne faut pas s'habituer, il ne faut pas se transformer en apparatchik», a confié le numéro un à des journalistes lors de l'université d'été pour justifier sa décision, indiquant par ailleurs avoir donné pour mot d'ordre à ses équipes de ne pas se concentrer sur la bataille de succession.
Ne «gâchons pas» les combats du Medef «avec ça», a-t-il insisté, estimant que la loi travail et le prochain projet de budget étaient la priorité. «L'élection du Medef est un autre problème, on le verra à partir du 1er janvier», date officielle de début de la campagne.
Mais dans les allées du campus, le sujet n'a pas manqué d'être évoqué, tant par les adhérents que par les possibles candidats.
Pléthore de prétendants
Plusieurs noms reviennent régulièrement. Parmi eux, le vice-président de l'organisation en charge du social Alexandre Saubot, directeur général du constructeur de nacelles élévatrices Haulotte Group, président de l'Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) et président de l'Unedic.
«C'est un candidat naturel», estime auprès de l'AFP un responsable de fédération. Avant de glisser : «Tout comme Geoffroy Roux de Bézieux».
Ce dernier est également vice-président du Medef, en charge de la fiscalité. Ancien patron de Virgin Mobile, co-fondateur du fonds d'investissement ISAI, celui qui est souvent qualifié par la presse de «serial entrepreneur» avait déjà fait campagne pour la présidence du Medef en 2013, avant de se rallier à la candidature de Pierre Gattaz.
Des ambitions ont également été prêtées à Thibault Lanxade, qui avait aussi fait campagne en 2010 contre Laurence Parisot, puis en 2013 contre Pierre Gattaz. Ce dernier a fait ensuite de lui son vice-président en charge des PME.
Mais M. Lanxade a laissé entendre cette semaine sur Europe 1 qu'il pourrait passer son tour cette fois-ci. Soulignant qu'il aurait en juillet 2018 passé quatre ans aux responsabilités dans l'organisation patronale, il a reconnu que c'était «éreintant».
«Retourner dans sa boîte»
«Parfois on a peut-être envie de retourner dans sa boîte», a-t-il affirmé, après avoir jugé qu'il fallait pour le prochain mandat une vision «beaucoup plus moderne» des choses.
Le nom de Viviane Chaine-Ribeiro, présidente de la fédération Syntec qui rassemble les entreprises de l'ingénierie, du numérique et du conseil, revient également. Interrogée sur le sujet, elle a déclaré que si elle trouvait «un candidat qui peut porter ce qu'il faut pour les entreprises», elle ne se présenterait pas.
Sa candidature pourrait d'ailleurs buter sur le fait que les statuts du Medef imposent que les candidats à la présidence ne doivent pas être âgés de plus de 65 ans au jour de l'élection. Or, elle les aura en mars 2018.
Un problème qui se pose aussi pour Jean-Dominique Sénard, dont le nom circule avec insistance depuis quelques mois. Lors de l'université d'été, le président de Michelin a été ovationné, après un discours plus de vingt minutes aux allures programmatiques, où il a notamment plaidé pour une «refondation du paritarisme de gestion».
Une mise en orbite organisée en haut lieu ? «Ça a été vu et compris par tout le monde dans ce sens», confie à l'AFP un dirigeant de fédération locale.