Le médecin régulateur du SAMU avait considéré que la femme qui l'appelait était ivre et lui avait raccroché au nez, alors qu'elle était victime d'un AVC.
Sept ans après les faits, le tribunal administratif de Nantes a condamné le CHU de la ville et son assureur à verser solidairement à cette femme plus de 350.000 euros.
Le Centre hospitalier universitaire et son assureur, outre les 352.458 euros à verser à la victime, devront s'acquitter solidairement de la somme de 64.192 euros au profit de la caisse primaire d'assurance maladie, sans compter les arrérages de pension d'invalidité versée à la victime, selon le jugement.
Le 4 octobre 2010, cette femme alors âgée de 41 ans, ressent à son domicile des fourmillements au niveau de la main, associés notamment à des troubles de l'élocution.
Infirmière dans un centre de rééducation, elle diagnostique elle-même les symptômes d'un accident vasculaire cérébral et appelle le SAMU de Loire-Atlantique, qui relève du CHU de Nantes. Mais le médecin régulateur considère que son interlocutrice est ivre ou dépressive. Il l'invite à aller se coucher avant de raccrocher. Et il ne mobilise pas de moyens médicaux.
Prise en charge deux heures plus tard
Valérie X rampe alors jusque chez ses voisins, frappe de sa tête à plusieurs reprises à leur porte avant que ceux-ci ne lui ouvrent et appellent les sapeurs pompiers et le SAMU.
Elle ne sera prise en charge au CHU que plus de deux heures après l'apparition des symptômes. Des rapports d'experts avaient souligné que "l'intervention de l'assistant de régulation médicale et du médecin régulateur" avait été "totalement inadaptée", ce qui avait "retardé la prise en charge" de la victime. Ils notent par ailleurs que leurs propos avaient été "totalement dépourvus d'humanité".
Le jugement souligne qu'en raison du retard de la prise en charge, "Mme X a perdu une chance d'éviter les conséquences de son accident", "justement évaluée à 30%".
Handicapée, Valérie X a repris des fonctions de secrétaire à temps partiel, à 20 %, dans le centre hospitalier où elle exerçait. Elle devra bénéficier à vie de l'assistance d'une aide ménagère à raison de deux heures par jour.