Au milieu des maillots, faut-il caser des cahiers de vacances dans ses valises ? Pourquoi pas si les révisions restent limitées dans le temps mais autant profiter de l'été pour apprendre de manière plus ludique, estiment les professionnels de l'école.
Selon les chiffres du cabinet GFK, le succès des cahiers de vacances ne se dément pas : l'an dernier, plus de 4,5 millions d'exemplaires ont été vendus, un ratio important puisqu'il y a douze millions d’élèves (maternelle au lycée) en France.
Pour Hanifa, cet achat est devenu un rituel estival depuis que sa fille, qui rentre en CM2 en septembre, est entré au primaire. «Ca me rassure de savoir qu'elle ne va pas lâcher prise pendant les vacances», confie-t-elle dans une librairie parisienne. Elle assure toutefois qu'elle ne lui imposera pas plus d'une demie-heure de travail par jour et seulement la révision des «notions importantes».
Oui mais pas trop
C'est aussi ce que préconise Brigitte Prot, psycho-pédagogue. «On peut prévoir deux sessions par semaine, mais toujours dans un temps limité, car en faire trop sera contre-productif pour la mémoire», dit-elle.
Selon cette spécialiste, il peut aussi être utile de repérer les difficultés de chaque élève et d'acheter des cahiers ciblés, par exemple sur les maths ou l'orthographe. Il est de toute façon primordial de créer «une vraie coupure en juillet», avant de s'y remettre au mois d'août. «Une fois qu'un enfant est bien reposé, c'est bien de revoir quelques notions avant la rentrée», estime de son côté Fabrizio Perseu, professeur des écoles en CM2 à Paris.
Quand les parents lui demandent son avis sur l'intérêt des cahiers de vacances, il insiste sur «l'accompagnement». «S'ils décident d'en acheter pour leurs enfants, ils doivent être partie prenante», juge-t-il. Surtout, estime-t-il, «il faut le consentement de l'élève» pour que les révisions ne se fassent pas «dans la douleur».
Là semble résider la clé : «Les parents doivent éviter pendant l'été toute crispation autour de l'école, surtout si l'année scolaire a été un peu difficile», assure Francette Popineau, secrétaire générale du SNUipp-FSU, le premier syndicat des enseignants du primaire.
Or les devoirs pendant les vacances peuvent soit «rassembler», soit «créer des tensions». Dans ce dernier cas, «ils ne seront pas efficaces», dit-elle. Et si les enfants sont souvent «emballés» au moment de l'achat de cahiers de vacances, «la réalité de l'utilisation est assez discutable», souligne Mme Popineau. «Généralement, ça se délite un peu au fur et à mesure que la difficulté augmente».
Paradoxalement, les élèves les plus enthousiastes sont aussi souvent ceux qui en ont le moins besoin. Alors comment stimuler les enfants rétifs pendant l'été et enrichir leurs connaissances sans contrainte ?
«Toute activité estivale peut servir de support à des révisions», prône Mme Popineau. «Si on voyage, on va se repérer sur une carte et additionner des kilomètres. En envoyant des cartes postales, on reverra l'orthographe et la grammaire. Quand on achète le pain, on veillera à compter la monnaie. Visiter un château permettra de se confronter à la fois à l'art et à l'histoire», égrène-t-elle.
Privilégier les mises en situation réelles
Une vision partagée par Stéphane Crochet, du syndicat SE-Unsa. «Il y a plein de façons de réactiver les savoirs en vacances» : au lieu des dictées, on peut partager en famille la lecture de romans, au lieu des exercices de maths, autant suivre une recette de cuisine et s'amuser à doubler ou réduire les proportions».
Des expériences d'autant plus pertinentes, selon lui, que les exercices scolaires font souvent référence à des situations de la vie.
«Les vacances sont faites pour se reposer», tranche pour sa part Liliana Moyano, présidente de la FCPE, première fédération de parents d'élèves. Elle regrette toutefois une coupure «trop longue», qui «pénalise surtout les élèves rencontrant des difficultés».