L’enquête sur les soupçons d’emplois fictifs de ses assistants parlementaires européens plonge le MoDem dans la tourmente. Après la démission mardi de la ministre des Armées, Sylvie Goulard, c’est au tour de François Bayrou, ministre de la Justice, et de Marielle de Sarnez, ministre des Affaires européennes, de quitter le gouvernement.
L’éphémère garde des Sceaux, qui, ironie du sort, devait présenter prochainement sa loi sur la moralisation sur la vie publique, a annoncé sa décision mercredi matin indiquant par ailleurs qu’il donnerait une conférence de presse à 17h. Sarnez lui a emboîté le pas et précisé qu’elle devrait prendre la présidence du parti à l’Assemblée nationale. Une «exfiltration» qui n’est pas sans rappeler celle vécue lundi par Richard Ferrand, ancien ministre de la cohésion des territoires déstabilisé par une affaire de montage financier, et qui briguera la présidence du groupe (LRM) au Palais Bourbon.
Plus de représentant MoDem au gouvernement
Avec les départs de Goulard, Bayrou et Sarnez, le MoDem ne compte plus aucun représentant dans le gouvernement. Un sérieux coup dur pour la formation politique centriste, quelques jours seulement après que LRM se soit affranchi de son soutien, devenu subitement encombrant, en s’adjugeant la majorité absolue à l’Assemblée nationale, sans l’apport des 46 députés MoDem élus.
En clair, Emmanuel Macron a désormais le champ libre pour manoeuvrer comme il l'entend, sans l'apport de son allié dont l'image s'est considérablement dégradée en quarante-huit heures auprès des Français. Avant l'annonce de sa démission mercredi, ils étaient 65% à considérer que la présence au gouvernement de François Bayrou était «plutôt un handicap» pour le nouveau locataire de l'Elysée.
L’enquête visant l’affaire des assistants parlementaires européens a connu une nouvelle étape mardi avec l’audition, à l’Office anticorruption de Nanterre, de Corinne Lepage, ancienne eurodéputée du Modem, en tant que témoin. Sylvie Goulard, François Bayrou, Marielle de Sarnez, pourraient prochainement être entendus eux aussi.
«Dans l'hypothèse où l'enquête préliminaire visant le MoDem conduirait à vérifier les conditions d'emploi de mes assistants au Parlement européen, je souhaite être en mesure de démontrer librement ma bonne foi et tout le travail que j'y ai accompli», avait dit mardi l’ancienne ministre des Armées.
Suite à une dénonciation d’une élue FN, elle-même touchée par une affaire d’emplois fictifs présumés au Parlement européen, le parquet de Paris avait ouvert en mars une enquête préliminaire pour «abus de confiance». Jusque-là, le parti a toujours assuré avoir respecté «toutes les règles».