L'assaillant des Champs-Elysées ne s'est pas rendu à deux convocations en mai de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), invoquant "des raisons de santé", a-t-on appris mercredi de source proche du dossier, confirmant des informations de presse.
Une nouvelle convocation de la DGSI avait été envoyée à Adam Djaziri, fiché par la police pour radicalisation mais il est passé à l'acte juste avant, a ajouté cette source, confirmant une information de TF1. Lundi, Djaziri a foncé avec sa voiture chargée de deux bonbonnes de gaz et d'armes sur un fourgon de gendarmes sur l'avenue parisienne des Champs-Elysées. Il est décédé peu après, sans faire de victimes dans l'attaque.
Cet homme de 31 ans, titulaire d'une autorisation de détention d'armes dans le cadre de sa pratique du tir sportif, avait demandé son renouvellement en novembre 2016. La préfecture de l'Essonne avait accédé à sa demande en 2017.
Aucune perquisition administrative n'a été menée à son encontre, les services ne disposant pas "de raisons sérieuses" de penser que son comportement constituait "une menace pour la sécurité et l'ordre publics". Le préfet de l'Essonne n'avait donc pas décidé cette opération, un temps envisagée.
Au lendemain de cet attentat raté, la question du suivi des fichés "S", qui avait fait donné lieu à un débat nourri pendant la campagne présidentielle, s'est à nouveau posée, le Premier ministre affirmant qu'il n'était pas satisfaisant qu'un individu suivi par les services soit titulaire d'une autorisation de détention d'armes. Ce débat intervient alors qu'un projet de loi antiterroriste doit être présenté cette semaine en conseil des ministres pour prendre le relais de l'état d'urgence.
L'exécutif entend confier de manière permanente aux préfets et au ministre de l'Intérieur le pouvoir d'assigner des individus dans un "périmètre géographique déterminé", et de perquisitionner de jour comme de nuit.
Adam Djaziri avait été fiché en 2015 par la DGSI sur la base d'un signalement turc de sa présence à la frontière gréco-turque. La Turquie est un pays connu pour être une voie d'accès privilégiée des jihadistes européens vers la Syrie.
L'homme avait fait l'objet d'une fiche de recherche Interpol (aujourd'hui inactive) à la demande de la Tunisie pour des faits datant de 2013, ont expliqué des sources proches du dossier. Il avait alors été "repéré dans un appartement où il y avait des armes et des gens proches de la mouvance jihadiste", selon une source proche du dossier.