Les Français s'apprêtent à donner une majorité écrasante à Emmanuel Macron au second tour des législatives, confirmant le désir de renouveau du paysage politique malgré une abstention très élevée qui pourrait ternir cette victoire.
Plus de 47 millions d'électeurs sont appelés aux urnes. Ceux de l'outremer - Guadeloupe, Guyane, Martinique, Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Martin et Saint-Barthélémy - votent dès ce samedi, avant la métropole dimanche.
Après le succès de La République en Marche au premier tour, le chef de l'Etat attend «une confirmation» qui lui permettrait d'appliquer clairement sa politique, à commencer par les ordonnances controversées sur la réforme du Code du travail.
Abstention en hausse ?
Son jeune mouvement, allié aux centristes du MoDem, pourrait ravir 400 à 470 circonscriptions sur 577, selon les projections des instituts de sondage. Soit l'une des majorités les plus imposantes de la Ve République.
Autre certitude, le renouvellement de l'Assemblée pourrait être d'une ampleur inédite, sous l'effet de la vague Macron qui ouvre les portes à une nouvelle génération d'élus, dont une partie novice en politique, de la loi interdisant le cumul des mandats et des progrès de la parité hommes-femmes.
Seuls 222 députés sortants sont qualifiés pour le second tour. 1.146 candidats, dont 40% de femmes, s'affrontent dans 572 duels et une triangulaire pour tenter de décrocher l'un des 573 sièges encore en jeu pour un mandat de cinq ans. Quatre députés seulement ont été élus dès le premier tour, conséquence de la forte abstention.
Le 11 juin, celle-ci avait déjà atteint un niveau record depuis 1958, à 51,29%, signe d'une démobilisation des électeurs face à la victoire annoncée de La République en Marche et d'un désintérêt vis-à-vis de la politique.
Elle pourrait grimper jusqu'à 53% à 54% dimanche, selon les dernières enquêtes, soit une dizaine de points de plus qu'en 2012 (44,6% au second tour).
«Allez voter !», a lancé jeudi aux électeurs le Premier ministre Edouard Philippe. «Personne ne peut se satisfaire d'une abstention. En France, le vote n'est pas obligatoire (...), c'est à la fois un droit et un devoir».
La République en Marche présente 454 candidats pour ce second tour, devant Les Républicains (264), le FN (120), La France insoumise (67), le Parti socialiste (65) et le MoDem (62). La position centrale de la formation d'Emmanuel Macron lui permet d'espérer des reports de voix de candidats de droite comme de gauche éliminés au premier tour.
Une «rectification» ?
Seule l'ampleur de la vague macroniste reste incertaine. «Il peut y avoir un correctif entre les deux tours, que les électeurs se disent qu'une fois que la majorité semble acquise pour Emmanuel Macron, ce n'est pas la peine d'en faire trop», tempère Emmanuel Rivière de Kantar Sofres.
Selon un sondage Elabe diffusé jeudi, six Français sur dix (61%) souhaitent en effet que le second tour «rectifie le premier avec une majorité moins importante qu'attendue». Et selon une enquête Harris interactive publiée le même jour, 30% des personnes interrogées seulement souhaitent que La République en Marche dispose d'une majorité absolue.
Au premier tour, le mouvement d'Emmanuel Macron a obtenu 32,3% des voix. Loin derrière, les deux familles politiques, droite et gauche, qui structurent la vie politique française depuis des décennies, devraient enregistrer de sérieux revers, avec l'effondrement du Parti socialiste et Les Républicains en grande difficulté.
Avec 21,56% des voix au premier tour, LR allié à l'UDI ne peut espérer, selon les projections, que de 60 à 132 sièges, contre plus de 200 dans l'Assemblée sortante. A gauche, l'alliance PS-PRG-DVG a recueilli 9,51% des voix et le PS, qui avait envoyé près de 300 députés au Palais Bourbon en 2012, ne pourra sans doute compter que sur quelques dizaines d'élus.
Quant au Front national et à La France insoumise, ils n'ont pas réussi à capitaliser sur leurs bons scores à la présidentielle. Avec 13,74% au premier tour, LFI et le PCF ne peuvent qu'espérer atteindre les 15 sièges nécessaires pour constituer un groupe. Le FN (13,3% le 11 juin) n'est crédité que de 1 à 5 sièges.
Une dizaine de circonscriptions seront très observées, notamment le sort de Jean-Luc Mélenchon à Marseille, Manuel Valls dans l'Essonne, Najat Vallaud-Belkacem à Villeurbanne, ou encore à Paris Nathalie Kosciusko-Morizet. Six ministres du gouvernement d'Edouard Philippe sont également en lice.