L'association de défense des animaux L214 a diffusé jeudi des images de l'étourdissement avant abattage de cochons à l'abattoir de Houdan, à quelques jours du procès de deux de ses militants jugés pour y avoir pénétré par effraction afin de tourner ces images.
En décembre 2016, deux militants de L214, dont son cofondateur Sébastien Arsac, avaient été interpellés de nuit dans cet abattoir des Yvelines alors qu'ils venaient récupérer les caméras filmant l'endormissement au CO2 des porcs avant abattage. Les deux militants sont convoqués lundi devant le tribunal correctionnel de Versailles.
L'association L214, qui milite contre la consommation de viande, avait diffusé en février 2017 des premières images qui montraient des porcs obligés d'avancer dans un couloir étroit par un employé muni d'un battoir et d'un pistolet électrique.
Dans les images diffusées jeudi, tournées quelques jours après ces premières séquences filmées a priori par un employé, on voit l'étape de l'endormissement au CO2 dans ce même abattoir.
Une méthode d'endormissement douloureuse
L'«étourdissement/mise à mort» à l'aide de gaz fait partie des méthodes répertoriées par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui recommande surtout que le gaz ou mélange de gaz utilisés ne soient pas «désagréables» et que la durée de l'exposition soit «assez longue pour entraîner la mort de l'animal».
Elle recommande également que la concentration en dioxyde de carbone soit «surveillée en permanence à l'aide de signaux sonores et visuels au cas où la concentration du gaz chuterait en dessous du niveau requis».
L'association est opposée à cette pratique recommandée par la FAO car elle constitue selon elle «une méthode d'étourdissement systématiquement longue et douloureuse». Elle affirme en outre que la configuration particulière de la machine utilisée à Houdan «allonge encore la durée de l'asphyxie des cochons».
Une pétition lancée
L214, qui a au passage interpellé le ministre de l'Agriculture Jacques Mézard, a lancé une pétition afin d'obtenir l'arrêt de cette méthode d'étourdissement en France.
«Notre machine à CO2 est en règle, elle a été homologuée avec l'aide de l'association de protection animale OABA (Oeuvre d'assistance aux bêtes d'abattoir)», a réagi jeudi le directeur de l'abattoir de Houdan, Vincent Harang. «Mais il faut savoir que l'endormissement au CO2 ne sera jamais instantané», a insisté auprès de l'AFP l'abatteur.
«Je suis prêt à discuter et je veux bien tout changer, mais ça coûte 300.000 euros (pour passer à l'étourdissement électrique, NDLR). Que L214 me fasse un don et je change ma machine!», a-t-il lancé.
L'association avait dénoncé la semaine dernière un élevage de poules en batterie situé en Vendée. A la suite des vidéos diffusées à cette occasion, l'inspection diligentée par les services de l'Etat n'avait révélé «aucune non conformité», selon la préfecture.
L214 est coutumière de ce genre de dénonciations publiques. Elle a publié depuis 2013 plus d'une dizaine de vidéos montrant notamment des dysfonctionnements dans des abattoirs à travers la France, dans le but affiché de «démontrer l'impact négatif de la consommation de produits animaux».
L'association avait porté plainte pour «maltraitance» contre l'abattoir de Houdan auprès du tribunal de grande instance de Versailles. Une enquête est en cours.