Le parti d'Emmanuel Macron semble sur le point de gagner les élections législatives, malgré son absence d’ancrage territorial.
De plus en plus près du but. Alors que le défi semblait particulièrement ambitieux il y a quelques semaines, la République en Marche (REM) pourrait finalement obtenir une majorité à l’Assemblée Nationale à l’issue des législatives des 11 et 18 juin. Le mouvement du président Emmanuel Macron arrive en effet en tête dans les derniers sondages loin devant ses principaux concurrents. Une ascension éclair pour une formation politique lancée il y a à peine un an.
La possibilité d’une victoire
Les Français donnent certes, depuis 2002, une majorité parlementaire au président en début de mandat. Mais celui-ci avait jusqu’à présent toujours derrière lui un parti solide, localement et historiquement ancré. La victoire d’une formation politique issue d’un mouvement créé quelques mois plus tôt, et ne comptant d’autres élus que le président de la République lui-même, serait absolument inédite.
Or, à moins de deux semaines du premier tour, la REM est créditée de plus de 7 points d’avance sur son principal rival, Les Républicains (LR), dans les intentions de vote (29,5 % contre 22 %, selon la dernière étude Ipsos-Storia). Un enthousiasme qui peut s’expliquer par un début de mandat sans accroc en France comme à l’étranger, qui permet à Emmanuel Macron de rafler 58 % d’opinions favorables, trois semaines après son entrée en fonction.
Le président semble également bénéficier de ses choix en matière de gouvernement. En plaçant l’ex-LR Edouard Philippe à Matignon, il a su s’attirer la confiance de nombreux électeurs de droite. D’autant que celle-ci, qui comptait sur une majorité pour imposer une cohabitation dès le début du mandat, se révèle affaiblie par ses propres divisions sur l’attitude à adopter face à la REM.
Quant à la gauche, elle se trouve éclatée entre la France Insoumise (FI) de Jean-Luc Mélenchon, créditée de 11,5 % d’intentions de vote, et un Parti socialiste déserté par de nombreux élus au profit de la majorité présidentielle.
Une nécessaire prudence
Si le mouvement d’Emmanuel Macron semble donc bien parti pour poursuivre son irrésistible percée, il reste néanmoins à la merci du moindre dérapage. Alors que la communication sur la future loi de moralisation de la vie publique bat son plein, les polémiques sur le candidat REM Richard Ferrand, ses emplois familiaux et ses potentiels conflits d’intérêts, pourraient notamment venir enrayer l’engrenage.
Par ailleurs, si le parti d’Emmanuel Macron arrive à obtenir une majorité, celle-ci pourrait ne pas être absolue. Dans ce cas, le président devrait nouer des alliances et former un gouvernement de coalition, une pratique dont la France à depuis longtemps perdu l’habitude.