L’ancien animateur d’Ushuaïa s’est finalement lancé en politique après des années de refus. Son défi sera de porter un sujet trop peu évoqué.
Il a fini par dire oui. Si bien qu'aujourd'hui, la star du gouvernement, c'est lui. A 62 ans, Nicolas Hulot s’est finalement laissé convaincre par Emmanuel Macron. Une démarche inédite pour l’écologiste, qui avait jusque-là refusé ce poste à tous les présidents depuis Jacques Chirac.
Héritant d’un ministère prestigieux, deuxième dans l’ordre protocolaire, et alors que l’écologie avait très peu été abordée au cours de la campagne, tout l’enjeu pour lui sera d’imposer ses revendications et son franc parler légendaire au sommet de l’Etat.
Le label vert du gouvernement
En prenant la tête d’un grand portefeuille de la Transition écologique et solidaire, avec une tutelle sur celui des Transports, Nicolas Hulot est propulsé en première ligne. Un défi pour celui qui bénéficie d’une popularité forte et sans faille dans l’opinion publique. Animateur vedette de l’émission Ushuaïa, il a déjà figuré trois fois sur le podium des personnalités préférées des Français (JDD).
Une bonne image également partagée par les associations environnementales, qui n’ont pas hésité à saluer cette semaine l’entrée au gouvernement d’un activiste reconnu. «Nicolas Hulot incarne pour tous les citoyens français et au-delà, la transition écologique et énergétique», a ainsi affirmé Jean-Louis Bal, le président d’un syndicat des énergies vertes.
L’ex-journaliste a une autre qualité, il connait bien ses dossiers. Visiteur du soir des présidents de ces quinze dernières années, il a notamment défendu la France lors de la COP21. Il est aussi à l’origine de la célèbre phrase de Jacques Chirac, «notre maison brûle et nous regardons ailleurs», prononcée au sommet de la Terre (2002).
Homme de gauche, sa nomination reste éminemment politique. A un mois des législatives, le signal envoyé aux écologistes est fort. Nicolas Hulot s’accorde d’ailleurs sur la philosophie d’Emmanuel Macron, affirmant qu’il «faut casser les clivages traditionnels».
Un pari quitte ou double
Sa nomination est d’autant plus surprenante que Nicolas Hulot s’était montré dubitatif sur le programme écologique du nouveau président, évoquant un «vote de raison, pas d’adhésion», au deuxième tour. Car les divergences entre les deux hommes sont grandes, notamment sur l’épineux dossier de Notre-Dame-des-Landes. Alors qu’Emmanuel Macron est favorable à la construction de l’aéroport, Nicolas Hulot en est un fervent opposant.
«Je n’ai aucun doute sur le fait que les arguments qui l’ont conduit à accepter ce poste sont des arguments d’honnête homme», abonde David Cormand, le secrétaire d’EELV. D’autant que Nicolas Hulot n’est pas un politicien.
Attaché à sa liberté de parole, sa nomination reste donc un pari risqué pour Emmanuel Macron. «Mon plus grand trésor, c’est mon indépendance», n’hésite-t-il pas à rappeler. Une autonomie qu’il devra mettre à l’épreuve du pouvoir.