Marine Le Pen a été dimanche sèchement battue par Emmanuel Macron, avec moins de 35% des suffrages. Un score historique en voix pour l'extrême droite qui lui permet d'espérer se poser en acteur majeur de l'opposition.
Verre à moitié vide? A moitié plein? Depuis le Chalet du Lac, dans le Bois de Vincennes, Marine Le Pen a salué un «résultat historique et massif» en sa faveur. Avec plus de 10 millions de voix, la candidate du FN écrase le record historique du parti, 7,7 millions il y a deux semaines, alors son père Jean-Marie Le Pen en 2002 n'avait gagné que 700.000 voix face à Jacques Chirac au second tour de la présidentielle.
Depuis la présidentielle de 2012 (17,9% au 1er tour) et lors des scrutins intermédiaires, Marine Le Pen a capitalisé sur le difficile quinquennat de François Hollande : le terrorisme, avec 239 morts depuis janvier 2015 dans une série d'attaques jihadistes, dont la dernière fin avril sur les Champs-Elysées; la croissance en berne et un chômage fort; la déliquescence des deux grands partis de gouvernement, PS et Les Républicains.
La stratégie de Marine Le Pen remise en doute ?
En privé, nombre de frontistes voyaient pourtant en 2017 «l'occasion ou jamais» de gagner vu «l'alignement des planètes». Marine Le Pen ne répétait-elle pas qu'elle allait «gagner» et que le FN était le «premier parti de France»?
A 35%, en revanche, «ça casse la dynamique», expliquait cette semaine à l'AFP un dirigeant du parti, alors que plus récemment, les soutiens de Marine Le Pen croyaient encore que leur candidate dépasserait au second tour au moins 40%.
Dès dimanche soir, des doutes internes ont logiquement commencé à affleurer quant à la stratégie de Marine Le Pen suivant pourtant depuis plusieurs mois un tryptique identité - souveraineté - protection, assez loin de la «ligne Philippot», qui lui est souvent reprochée en interne.
Marion Maréchal-Le Pen, la députée du Vaucluse qui s'interroge sur un arrêt de la politique, a reconnu une «déception» et appelé à une «réflexion» sur la stratégie de sa tante.
Accord avec Dupont-Aignan pour les législatives ?
La prestation de Mme Le Pen lors du débat du 3 mai face à Emmanuel Macron et devant 16,5 millions de téléspectateurs avait déjà créé un doute jusqu'au sein du Front national sur sa capacité à porter la voix du parti : elle a déçu certains cadres étonnés de son «agressivité».
Espoir principal de Marine Le Pen : que cette présidentielle grave dans le marbre une «recomposition politique de grande ampleur», «mondialistes» contre «patriotes».
Première étape : les législatives, pour lesquelles Marine Le Pen a signé un accord avec Nicolas Dupont-Aignan, patron de Debout la France.
«Je serai à la tête de ce combat» électoral, a-t-elle annoncé, semblant acter une nouvelle candidature dans la circonscription d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) où elle avait échoué de peu en 2012.
«Transformation» du FN ?
Mais sans réel espoir d'imposer une cohabitation à Emmanuel Macron : Marine Le Pen pronostique depuis des mois une victoire aux législatives pour le vainqueur de la présidentielle.
Dans l'attente, elle a annoncé une «transformation profonde» du Front national qui «n'aura plus le même nom», selon son lieutenant Florian Philippot.
«Il faut créer un grand mouvement patriote ouvert aux électeurs FN et républicains responsables. Aggiornamento sur l'euro. La victoire est à ce prix», a plaidé sur Twitter Robert Ménard, maire de Béziers allié du FN.